La Malle aux Livres / jeunesse

Conversion – Katherine HOWE

 

couvertureConversion…

On va d’abord parler du livre mais en tant qu’objet.

Quand on le voit sur un présentoir en librairie il sort du lot, on le remarque de suite avec sa couverture sombre où trône ce joli chardonneret jaune qui est limite « flippant ». Non mais c’est vrai regardez-le, il est beau? Oui, oui mais quand même ce bec ouvert de profil… En y regardant bien, il est juché sur une branche épineuse… Et le contraste des gris et du jaune nous plonge directement dans un atmosphère particulière, un peu pesante… Je devrais en parler à ma psy? Peut-être, je pense avoir été un peu traumatisée dans mon enfance par le film les Oiseaux d’Hitchcock que mon frère affectionnait particulièrement.

Là, c’est le premier contact: en quelque sorte une première rencontre avec le Livre. C’est le sens de la vue qui est séduit, du coup nos mains sont attirées inexorablement vers le dit livre et le toucher entre en scène. Ben oui c’est comme lorsque vous achetez des vêtements vous aimez toucher non ?  Et là on n’est pas déçu : la couverture est d’une texture toute particulière, veloutée un peu. Je ne vous en dit pas plus… Non mais sérieux vous allez finir par vous dire que j’ai un problème ! Mais c’est un fait, l’objet livre en lui-même me fascine. C’est certainement pour cela que je ne suis toujours pas passée à la liseuse malgré tous les avantages qu’elle propose et malgré la jolie plaidoirie de ma belle sœur chérie qui elle ne lit plus qu’ainsi. Elle a de vrais arguments! Cela dit Lila aussi a ses arguments contre, à lire ici!

Bon y a quand même un hic avec cette couverture si veloutée… Et oui je ne suis pas non plus là pour dire que du bien… Mon Conversion à mon grand désespoir a perdu de son charme (l’objet j’entends) car je l’ai lu en vacances et entre l’eau de la piscine, de la mer, les mains légèrement grasses de crème solaire… Ah oui vous ne le saviez pas encore mais ceux qui me connaissent savent que je suis une psychopathe de la crème solaire pour mes enfants et moi-même. Mais bon en même temps c’est hyper important de se protéger hein? Enfin ça c’est une autre histoire, je m’éloigne !!!!! . Alors mon livre, du moins sa couverture est devenue un peu granuleuse, collante et pourtant je l’ai nettoyée amoureusement avec de l’eau savonneuse… Ce n’est pas très agréable au toucher du coup mais bon ça c’est quand on lit en vacances.

Et là vous vous dites mais quand est-ce qu’elle va nous parler du livre, du sujet, de son contenu, j’y arrive… La frustration a du bon! Patience…

Conversion est une histoire qui se joue sur deux tableaux: c’est une histoire à deux voix. Deux histoires, deux jeunes filles à des époques bien différentes qu’apparemment tout sépare. Apparemment seulement…

La première, c’est Colleen élève en terminale dans un prestigieux lycée américain à Danvers dans le Massachusetts. On vit ses histoires de cœurs, d’amitié. Genre d’histoires que j’adore ! C’est mon côté ado attardé princesse que je partage avec certaines chroniqueuses de la terrasse mais pas avec toutes! Ne vous inquiétez pas on s’aime malgré nos différences! Bon j’en reviens à Conversion! C’est fou ce que je digresse parfois!  J’ai toujours aimé l’atmosphère des écoles américaines  prestigieuses comme dans le cercle des poètes disparus avec ses compétitions entre les élèves pour réussir à entrer dans des universités de renommée. Colleen est sur le point d’être acceptée à Harvard ce n’est pas rien ! Ca fait rêver rien que le nom…. Ca fait rêver mais au final que le nom car à travers toutes ces jeunes filles on vit aussi la pression que ces jeunes adolescents ont sur leurs épaules, pression très forte quelle soit scolaire ou sociale ! Et c’est là que le choix du titre « Conversion » prend toute son ampleur. Le trouble de conversion est selon Wikipédia « une condition durant laquelle un patient présente des symptômes neurologiques ». Anciennement les troubles de conversion étaient appelés « hystéries ». Aujourd’hui nous savons que les premières crises de conversion se déroulent souvent à l’adolescence. La présence d’un facteur de stress est la première cible du traitement.

Ann PutnamLa seconde, c’est Ann Putnam, une des jeunes filles qui a joué un rôle dans le drame des sorcières de Salem au 17ème siècle. Elle a fait semblant d’être ensorcelée avec d’autres jeunes filles et cela a entraîné toute une communauté à commettre l’irréparable : beaucoup de personnes ont été condamnées injustement. Atmosphère très particulière d’une Amérique sombre embourbée dans de fausses croyances par ignorance.

Vous allez me dire quel rapport entre les deux… A priori aucun… Mais quand même… Dans le lycée de Colleen, l’une des étudiantes est prise de convulsions de façon inexplicable. Puis c’est au tour d’autres élèves de présenter des troubles étranges (perte de cheveux, paralysie…) Les médias sautent sur l’affaire et forcement la peur s’empare des élèves et de leurs parents. Or la compétition est toujours présente et Colleen veut à tout prix réussir sans se laisser distraire par ces évènements. Elle doit travailler sur la pièce d’Arthur Miler, les sorcières de Salem, de plus elle reçoit des textos d’une personne inconnue l’incitant à lire cette pièce et à s’y intéresser. Elle découvre que Danvers c’est l’ancien nom de Salem puis d’autres faits l’interpellent mais je ne vous en dit pas plus j’en dévoilerai de trop, beaucoup trop et le plaisir de se laisser porter par le récit en serait gâché.

Ces deux histoires se croisent, se lient, se délient. Y a-t-il un lien entre ce qui arrive à ces élèves de l’école Saint Joan édifiée sur la terre ou s’est déroulé le drame des sorcières de Salem ? La maladie mystère de Saint Joan est-elle rationnelle, surnaturelle ???…

procès 1Ces deux histoires sont basées sur des faits réels. On est dans une ambiance très particulière,  oppressante où se mêlent la sorcellerie, la société pudibonde américaine du 17ème siècle, la société américaine actuelle toujours dans ses excès. On voit à quel point quelque soit les époques les rumeurs, l’absence d’information ou la désinformation peut provoquer des drames… L’ignorance entraîne la peur ! La peur est irrationnelle et cela peut avoir des conséquences catastrophiques. Je citerai un passage du trône de fer de G.R.R. Martin -et oui je suis une fan inconditionnelle en pleine lecture après avoir vu les 5 saisons- qui dit « la peur est plus tranchante qu’aucune épée ». La peur est dangereuse et on va en faire à nouveau le constat au travers de ces deux histoires. A vous de vous laisser porter par Katherine Howe qui va vous surprendre, vous amenez sur un chemin puis sur un autre ! J’aime être surprise et ‘j’avoue que j’ai eu ce plaisir ! Elle réussit à garder le lecteur en haleine en alliant habilement mystère et suspense.

conversionJe ne connaissais, je l’avoue, que très peu l’histoire du procès de Salem et pourtant il en est souvent fait référence que ce soit dans la littérature ou au cinéma. Cette fois-ci, Conversion m’a donné envie de me renseigner sur ce fait si marquant. Katherine Howe est elle-même une historienne spécialisée sur Salem. En plus, elle est une descendante d’une des « sorcières » condamnées et exécutées  cela ajoute un petit plus !

Ce livre nous a été envoyé par Albin Michel, il est classé dans la catégorie ado mais à l’instar de Tornade, les adultes vont l’apprécier et l’aimer j’en suis certaine.

PS : d’habitude j’embête ma fille à lire les romans d’ado que je chronique mais pour celui là elle est vraiment trop petite: à 13 ans, sujet un peu délicat je pense!

 

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