Mes Confidences

Petites confidences du soir… (3)

Hier, mon ami Gérald, ou ce grand frère par procuration comme vous le voulez, (je le connais depuis l’âge de 16 ans, vous imaginez? 27 ans d’amitié…) a osé me dire, parce qu’il fallait oser quand même, que mes articles étaient toujours aussi beaux (flatteur qu’il est!) mais qu’il lui semblait que j’avais perdu ce grain de folie qui me caractérise tant… Mes petites confidences lui manquent, figurez vous… Comme si je ne lui en faisais pas assez… Jamais satisfaits ces mecs…

Alors, mon Gé, par amour, amitié, tendresse, pour toi, je vais t’écrire ici la preuve que je suis toujours aussi cinglée.

Déjà, sache que je n’ai pas perdu ce grain de folie, je n’ai juste pas le temps d’écrire tout ce que je voudrais. Et d’une.

Et de deux, je ne vais pas montrer à tout le monde que la Reine des Quetsches que je suis (merci Yannick pour ce délicat surnom!), qui considère ce blog comme son bébé, qui le bichonne et qui est fière de le voir grandir, fait des trucs incompréhensibles pour la plupart des êtres normalement constitués!

Si?

T’es certain?

Ok mais si les visites dégringolent, tu vas entendre parler de moi dans les décennies à venir!

Parce que ces choses sont quand même vach’ment personnelles et intimes…

Imagine la tête des gens si je leur raconte mon tête à tête avec une araignée. Tu sais les énoooooormes qui se promènent chez moi. Celles qui me font hurler quand je suis seule. Celles sur lesquelles je balance des bouquins: si je vise bien, je saute sur ce même livre pour être certaine qu’elles sont bien écrasées. Ou si je vise mal je cours en hurlant dans ma cuisine chercher une bombe 100% cancérigène qui les foudroie sur place. Puis je les écrase quand même avec mes grosses Doc montantes afin d’être certaine qu’elles n’ont aucune chance de survie. Et tout cela en disant « Oh mon Dieu! Oh mon Dieu! », en frissonnant de partout, en retenant mes larmes. Imagine la réaction de mes lecteurs qui croient en la réincarnation! Mais merde quoi! Quelle idée aussi de venir chez moi ainsi pour me foutre la trouille alors que j’ai un grenier de 100m2, une cave idem et qu’elles ont sûrement de belles choses à vivre là-bas. Et une nuit pendant laquelle je me suis réveillée, ai remis en place un de mes 3 oreillers et je l’ai vue cette immonde chose poilue (pardon? Ah oui non j’étais seule, hein? L’aaaauuuutre chose poilue) qui gambadait sur le mur derrière mon lit! J’ai dû réveiller le quartier… Maintenant il y a une tâche sur la tapisserie et un de mes livres a dû être lavé à l’eau de javel. On ne sait jamais s’il y a des oeufs. Ou que je prends mon courage à deux mains et que je mesure une des pattes pour montrer à tous que je ne suis pas mytho, qu’une espèce de tarentule lorraine a élu domicile chez moi et que je partage cette preuve sur ma page Fb. Tu imagines?

Et quand j’écoute Urge Overkill à fond chez moi et que je mets à danser comme Uma Thurman dans « Pulp Fiction », avec la chorégraphie et tout et tout… Evidemment il faut que je sois seule. Parce que même l’amour que mes enfants me portent ne résisterait pas à cela. Faut pas pousser hein? Ou alors quand je chante à tue-tête Joseph d’Anvers quand je vaque à mes taches ménagères, ou que je cuisine. Que mes gamins me supplient d’arrêter et que je leur dis « Quand vous aurez mon âge vous comprendrez » Et qu’ils soupirent de désespoir. Ou quand j’écoute Daniel Darc, mon prince noir, mon « ange déchu », mon artiste indétrôné et indétrônable, que je m’asseois et que j’en suis émue aux larmes…

« Le temps n’attend pas, tu le sais, seuls les regrets semblent parfaits… » (La pluie qui tombe)

« Suis je inutile ou hors d’usage? Ou peut-être un peu trop amer. Sans perle, simple coquillage, jeté sur le bord de la mer.  Déjà en moi je sens l’automne qui doucement ronge mon corps. L’affreuse angoisse m’emprisonne, combien de temps jusqu’à la mort? Je sens la tragédie qui sonne, comme une odeur nauséabonde, faudrait-il donc que j’abandonne, vaut il mieux compter les secondes? Le soir est noir, la nuit est blanche, il est trop tard pour les remords. Soudain je sens mon coeur qui flanche, mais ma mémoire résiste encore… Dans le ciel viennent les nuages, après tout qu’est ce que ça peut faire? Bientôt sera l’heure de l’orage, bientôt j’entendrai le tonnerre. L’automne se transforme en hiver, j’aurais bien aimé être sage, il est trop tard, je désespère, suis je inutile et hors d’usage? (…) » (Inutile et hors d’usage.)

« Dissimule dans le silence, tes sentiments, tes espérances, qui montent et plongent sans bruit, étoiles brillantes dans la nuit (…) » (Je me souviens, je me rappelle)

« Si tu savais mon coeur, rien…

Si tu savais mes yeux, rien…

Si tu savais mes mains, rien…

Si tu savais mes reins, rien…

Si tu savais mes jambes, rien…

Si tu savais mes bras, rien…

Si tu savais mon ventre, rien…

Si tu savais mes fesses, rien…

Mais si seulement tu savais la taille de mon âme… » (La taille de mon âme)

Ouais je sais… Je suis vach’ment gaie parfois… Mais moi je sais la taille de son âme. Alors je le pleure quand je l’écoute…

Ah oui (registre plus joyeux): quand je chante Julien Doré, musique au maximum dans ma voiture, et que je me dandine ou que je bouge au volant. Parfois en arrivant devant mon école, les parents se retournent tant la musique est forte et que je chante. Ouais bon tant pis, z’ont qu’à demander une expertise psychiatrique et je serai certainement en arrêt longue maladie hein? Tu m’imagines écrire ça?

Ou bien aussi quand j’ai envie de manger des frites sur la plage et que deux potes sont assez cinglés pour m’accompagner à Ostende pour satisfaire ce caprice débile. Manger des frites sur la plage, avec des fruits de mer, faire un feu de camp et dormir à la belle étoile, sans couverture, sans rien. Juste parce que j’ai eu envie de voir la mer, de l’écouter, la sentir et peu importe les 850 kms, la situation, la fraîcheur de la nuit! Parce que parler sous les étoiles en ayant des fous rires, cela n’a pas de prix. Et que j’espère le refaire un de ces jours (j’attendrai des jours plus chauds quand même, ne t’inquiète pas: je ne vais pas risquer la mort par hypothermie dans des dunes au fin fond de la Belgique), parce que ces moments sont suspendus, hors du temps et que sans eux, notre vie serait triste et terne.

Ah aussi: pleurer comme une madeleine, toute seule sous mon plaid en regardant « Sur la Route de Madisson » de Clint Eastwood pour la 85ème fois et qu’à chaque fois, je dis à voix haute, lors du passage final « Mais putain de bordel de merde, tu vas l’ouvrir cette saloperie de portière! » et que je la traite de conne, parce qu’elle ne m’écoute pas. Et pourtant je la connais par cœur cette fin. Mais non! J’attends toujours! Alors, soit je me bois un bon verre, soit je me jette sur une tablette de chocolat noir aux écorces d’orange en me disant « Il est vraiment trop nul ce film » en jetant des dizaines de mouchoirs à la poubelle. Ou alors quand je regarde des navets pour filles, 100% pur sucre, du greluchien du pire genre, juste parce qu’un soir j’ai le cafard et que j’ai envie de me vider la tête. Et que cela me fait rire alors que franchement, parfois, souvent même, c’est débile.

Je ne vais quand même pas dire ou écrire que je suis capable d’aborder quelqu’un dans la rue parce que je trouve que son chien est beau et que j’ai envie de le caresser, en demandant son prénom. Celui du chien, pas du maître, nous sommes bien d’accord. Tout comme les caresses, mon Gé: LE CHIEN!

Ou que je rentre dans une librairie avec un seul livre à commander et que je ressors avec une dizaine d’autres et que j’ai oublié de commander celui pour lequel je suis venue. Ou que je me permets de dire à un(e) client(e) que le livre dont il lit la quatrième de couverture est beau ou pas, et pourquoi. Juste parce que j’ai besoin et envie de le dire. Ouais je sais, je ne sais pas me taire parfois. Certains écoutent, d’autres se demandent qui est cette tarée avec les bras chargés de livres qui se permet de les déranger. Franchement, je ne peux pas écrire cela… Mais en même temps, si je peux aider et faire en sorte que des petits auteurs soient lus, plutôt que des auteurs sur-médiatisés et sur-faits, qu’est ce qui m’empêche de le faire? Ben rien… CQFD.

Petites confidencesEt je ne vais quand même pas dire, là, que j’ai une magnifique et vieille boîte à chapeau, dans ma chambre, remplie de souvenirs qui représentent tant pour moi. Tu sais combien je ne suis ni vénale, ni matérialiste, mais dans cette boîte, j’ai des choses insignifiantes pour vous mais d’une immense richesse à mes yeux. Des petits mots griffonnés, des p’tits bouts d’papier, de belles lettres manuscrites, le sucre emballé de mon premier café, d’une longue série, pris avec cet homme tellement essentiel à ma vie, que tu ne connais pas d’ailleurs, parce qu’il est là sans être là, que vous ne vous êtes jamais rencontrés  et qui comme le dit si bien Joseph d’Anvers (ouais encore, t’as vu, j’le kiffe trop lui!) a ce don de me « sortir de terre comme un semblant d’aurore », d’une simple étreinte. Mais naaann! Sois pas jaloux. Toi aussi tu l’as fait lundi au téléphone et hier, chez toi. Avec tes mots bruts et directs. Ceux dont j’ai besoin, de temps en temps, pour remettre les choses en place dans ma tête d’écervelée.

Et ce nuage qui est accroché à mon cadre de lit… Ce nuage sous lequel je dors depuis bientôt 4 ans et qui est un mystère pour de nombreuses personnes. Et ben ce nuage là, c’est une partie de mon histoire. Un petit nuage en verre d’une pureté incroyable, d’une délicatesse fine, d’une profondeur incommensurable. Un cadeau à quelques jours d’un Noël qui s’annonçait triste… Pour de nombreuses raisons. Un joli nuage pour la rêveuse que je suis. Un objet dont moi seule connais le sens et qui me fait sourire quand je pose les yeux dessus… Et que je prends au creux de la main parfois, juste pour me dire que ce n’était pas un rêve. Qu’il est là. Et qu’il m’arrive de lui parler. Oui. Je parle à un nuage en verre. Cela pose problème à quelqu’un?

Parce que oui, Gé, je suis toujours cette douce folle que tu as connue… Et parce que je suis capable d’écrire des choses que je regretterai après,  je vais m’arrêter là, ok?

C’est bon? Tu es rassuré? Je peux retourner à mes bouquins?

Réécrire des choses sérieuses avant que les lecteurs effrayés ne détalent de cette terrasse…

Et pour te rassurer définitivement, je citerai encore Joseph d’Anvers (ouaip, ce n’est plus de l’amour mais de la rage à ce niveau…)

« Je veux du beau, je veux du vrai,

De la vie comme s’il en pleuvait… »

Love. Définitivement.

Lila sur sa Terrasse

Je suis moi.

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5 commentaires

  1. natrado@aol.com'
    Nath'Nath' a dit :

    Oh p##### faut qu’on se fait une soirée « Sur la route de Madisson » ou « Beignets de tomates vertes » ou « La couleur des sentiments  » qu’on chiaaaaaaaale jusqu’au bout de la nuit, qu’on refasse le monde, ivres (ou pas), qu’on partage de beaux moments, tout simplement… Des bisous ma Nath

    1. Lila sur sa Terrasse a dit :

      Ah ouais et on finit par Kill Bill, parce que la vie est chouette et que nous sommes des vipères assassines au fond de nous. Toujours touchées, jamais coulées! Des bisous aussi ma NAth!

  2. peggycanogarcia@gmail.com'
    Pagaillou a dit :

    Il n’y a donc pas que l’arachnophobie qui est génétique…?! Le chant à tue-tête, la danse au milieu du salon et les enfants qui désespèrent de voir un jour leur mère ressembler à un semblant d’adulte, ça aussi c’est de famille ?! Ouf, me voilà un peu rassurée qu’il n’y ait pas que le deux frangines qui soient aussi « timbrées » ????

    Et en lisant le passage sur les films de greluches, je me suis tout de suite imaginée une soirée « Scout toujours » entre cousines… Tu imagines un peu la scène où pas ?!?! ????????????

    1. Lila sur sa Terrasse a dit :

      Oui voilà! Elle nous a joué un bien joli tour la génétique!!! 😀 Et c’est tant mieux! Ne changeons pas ma Peg!!!!
      Oh ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!!!!! Faut se faire ça! Absolument! J’en ris d’avance!!!!!! Enormes bisous!!!!

  3. […] que vous ne recevez pas. Parce que rien n’est simple, parfois. Et que comme le dit si bien votre ami Gé, vous êtes « une vraie conne », parce que vous n’osez pas en envoyer […]

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