La Malle aux Livres

Septembre arrivé, le soir on prend plaisir à bouquiner.

Dicton breton « Septembre arrivé, le soir on bat le blé. »

La maison en pain d’épices – Carin Gerhardsen

Des meurtres à travers la Suède. D’une rare violence. L’enquête piétine. Pas de témoins. Des crimes presque parfaits. Et puis, cette petite étincelle, au hasard d’une rencontre avec une vieille dame: d’où sont-ils tous originaires? Du même village. Près de 40 ans plus tôt, ils fréquentaient tous la même classe. Et si le souffre-douleur de cette bande d’enfants était le meurtrier? Si celui que tous les autres attendaient à la sortie de l’école pour le molester, l’humilier était désormais animé par une vengeance morbide? Et si la maîtresse était intervenue, alors? Des questions auxquelles le commissaire Sörjberg et son équipe vont devoir répondre rapidement car les cadavres s’entassent inéluctablement…

Une auteur suédoise que je découvre… Et j’ai le sentiment qu’elle ne fera pas mentir mon plaisir à lire ces romans scandinaves… Ces romans qui vous glacent. A l’écriture juste délectable .

 

Station Eleven – Emily St John Mandel

« Chaque fois qu’elle se réveillait, elle avait conscience du paysage désertique, du manque de gens, d’animaux et de caravanes autour d’elle. L’Enfer c’est l’absence de ceux qu’on voudrait tant avoir auprès de soi »

Un monde post apocalyptique. Une poignée d’hommes et de femmes a survécu à une grippe qui a décimé l’humanité.
Des colonies minuscules qui ont appris à survivre avec des moyens précaires. L’Homme a tout perdu. Il lui faut rapprendre à vivre sans aucune forme de modernité, de technologie.
Au milieu de ces groupes d’individus sédentaires, la Symphonie Itinérante, elle, se déplace et apporte de la poésie en jouant Shakespeare ou de la musique à ces gens qui réapprennent à s’émerveiller de ces choses simples… Mais les routes ne sont pas sûres et les mauvaises rencontres ne manquent pas…

« Station Eleven » est un roman d’une rare puissance qui nous enferme dans un récit brillant doté de personnages attachants, ou pas, que l’on apprend à connaître à travers un passé narré au fil de l’histoire.
Emily St John Mandel pose des questions essentielles dont une en particuliers: que serait l’Homme sans l’art ou la culture? Pourrait on vivre sans cela? Et non seulement survivre?
De façon intelligente elle nous entraîne dans ce roman qui, au delà d’une angoisse légitime, dévoile un espoir en l’homme, en sa capacité d’adaptation aux situations critiques et en l’amour des autres qu’il peut avoir en lui. Ou pas…
A lire absolument!
(Post apocalyptique mais sans zombies! Le top!)

 

Trois chevaux – Erri de Luca

La vie d’un homme dure autant que celle de trois chevaux.

Lors de sa première, l’auteur est parti vivre avec sa femme en Argentine. Elle ne supportait pas de voir son pays sombrer dans les limbes d’une dictature naissante puis établie. Elle en perdit la vie. Cruellement. Quand il revient au pays, il entame sa seconde vie. Une vie calme, en retrait de toute vie sociale. Devenu jardinier, il plonge les mains dans la terre et y puise une sorte de paix retrouvée. Et relative. Car c’est en rencontrant Làila qu’il réalise que la troisième arrive au grand galop.

Erri de Luca a une délicatesse des mots, hors du commun. Une pudeur que l’on devine et qui nous dit tant… Un autre auteur aurait raconté cette histoire, que nous l’aurions peut-être trouvée fade, tant elle est simplement écrite. Mais c’est sans compter sur la plume d’Erri… Car le moindre geste de jardinier recèle un trésor de poésie. Le moindre échange avec Selim,  une belle philosophie. La moindre errance dans les rues, une cavalcade de souvenirs que l’on partage avec émotion… A lire absolument.

 

Les vacances d’un serial killer – Nadine Monfils

Ce qu’il faut tout d’abord savoir, c’est que Nadine Monfils vient d’une autre planète. Une planète où la gravité n’existe pas, où la douce folie est la seule loi à respecter; une planète sur laquelle Annie Cordy règne en maîtresse absolue de la culture musicale et sur lequelle le tuning de voitures est le sport national.

La famille Destrooper part en vacances à Blankenberge; voiture tunnée, ados amorphes, épouse qui se prend pour une star de la Riviera, et surtout, Mémé Cornemuse dans la caravane… Si tous espéraient passer des vacances tranquilles, l’arrivée à la pension de famille qui tombe en ruines, et l’oubli de la caravane sur le bord de la route donnent le rythme des vacances… Vous l’aurez compris. Ce livre est déjanté. Complètement. On rit dès les premières lignes et on arrête, le livre refermé. Mais ce n’est pas que drôle. C’est terriblement bien écrit et rempli malgré tout d’une certaine sensibilité. Les dialogues sont savoureux, piquants et si vrais qu’on se demande si Nadine Monfils a suivi des cours d’anthropologie chez Dédé la Frite. A découvrir rapidement et de toute urgence, en cas de syndrome automno-dépressif…

 

L’innocence des bourreaux – Barbara Abel

Il faut se méfier des jolies auteurs à l’immense sourire, au regard pétillant, souvent très avenantes voire même amicales. Avec qui on partagerait un verre sans la moindre réticence. Ce sont les pires. Barbara Abel n’échappe pas à la règle.

Dès la page 9, On est accro. Purée. J’ai du boulot pour l’école, moi! Tant pis. Je continue.

Bah ouais parce qu’à partir du moment où ce mec a mis les pieds dans la supérette, à partir du moment où l’on sait qui est prisonnier à l’intérieur, c’est fichu. On veut savoir. On veut connaître la fin. Et non seulement la mise en place est assez violente car, forcément, on s’identifie aux personnes allongées sur le carrelage aussi froid que le regard de ce mec, mais la tournure que prennent les événements en quelques pages est terrible. On dévore ce bouquin. Un côté attirant, voire fascinant. A tout niveau. Parce qu’on se demande, à chaque instant, ce que nous, nous aurions fait pour sauver notre môme. De quoi serions nous capables pour sauver ce qui nous est le plus cher? Je crains que Barbara Abel nous apporte ici la réponse. De tout. Nous serions capables de tout. Et c’est bien cela qui est terrifiant… A lire absolument.

 

Juste après la vague – Sandrine Collette

Cf début de la chronique précédente concernant les jolies auteurs de noir…

Un îlot perdu sur une mer hostile. Seuls rescapés d’une catastrophe naturelle sans précédent, un couple se retrouve seul avec ses 9 enfants. Tout, autour, a été submergé par la vague. Ils réalisent vite qu’il va falloir partir car les eaux montent, aucun signe d’éventuels secours ne leur parvient et les réserves de nourriture s’amenuisent aussi vite que l’espoir de voir les eaux se retirer.

Mais ils ont un canot. Dans lequel il n’y a que 8 places. Madie et Pata vont devoir faire un choix: quels enfants abandonner, avant de prendre la mer en cachette, en pleine nuit. Et connaître ensuite l’Enfer. Parce que, outre la difficulté du choix, c’est l’après que Sandrine Collette nous montre. Un après terrifiant. Comment vivre, ou ne serait-ce que survivre en ayant sciemment abandonné ses enfants pour sauver sa peau? Peut-on encore avoir de l’amour envers celui qui a décidé? Et si on pouvait revenir en arrière? Toutes ces questions sur fond d’une mer oppressante, angoissante à souhait.

L’auteur analyse les méandres de l’esprit humain pour mieux jouer avec nos nerfs… Elle s’amuse à les triturer, les maltraîter, les manipuler avec une maitrise on ne peut plus déconcertante. Depuis que j’ai lu « Des noeuds d’acier », je n’envisage plus une rando en montagne sans deux chiens d’attaque. Depuis que j’ai lu « Six fourmis blanches », j’ai revendu mes skis. J’ai terminé « Juste après la vague »  cet été, quelques heures avant d’embarquer sur un voilier, direction la pleine mer. Vous imaginez ma tête? Je déteste cette auteur. Et je le lui ai dit. Etrangement, cela l’a fait rire. A lire absolument.

Le peigne de Cléopâtre – Maria Ernestam

Mari, Anna et Frederik, trois amis décident de créer leur entreprise: ils offrent leurs services pour des choses anodines. Aide aux devoirs pour les enfants, idées de déco intérieure, papiers administratifs, bricolage… Jusqu’au jour où Elsa, une vieille dame, vient les voir et leur demande de l’aider à se débarasser de son mari violent et odieux. Humiliée depuis des années, elle veut finir sa vie en paix…

Cette demande va bouleverser l’existence de ce trio. Chacun va être confronté à sa propre histoire, à ses propres échecs et ses traumatismes. Comment leur amitié va-t-elle supporter cette requête et les suivantes? Maria Ernestam décortique avec un humour noir et grinçant notre société et ses rouages. Dépeignant habilement les liens amicaux des personnages de ce roman brillant, elle nous entraîne dans une intrigue aussi drôle que triste, légère que profonde. A l’instar de la littérature scandinave qui est devenue incontournable pour moi… Et cette phrase qui résume tant…

« Quand vous tailladez un cerveau à coups de mots, vous êtes considérés comme innocents alors que si vous utilisez la lame d’un couteau, vous êtes coupables. »

Une auteur suédoise à découvrir absolument!

 

La fille du taxidermiste – Kate Mosse

bouquinerComté de Sussex, Angleterre, 1912. Une ville qui cache un lourd secret. Entre ceux qui ont commis, ceux qui savent et ceux qui ignorent tout, la vie déroule son tapis de petites et grandes histoires de voisinage. Connie Gifford vit avec son père, taxidermiste qui a tout perdu voilà quelques années, et qui n’a su trouver de refuge que dans l’alcool. Ils vivent en évitant ces sujets qui tiennent à coeur à la jeune fille: pourquoi a-t-elle perdu la mémoire? Qui étaient ces femmes dont elle a quelques bribes de souvenirs? Pourquoi son père a-t-il perdu ce musée qui passionnait tant les gens? Il ne répond pas, esquivant chaque question par des fuites en tout genre…

Le jour où elle trouve un cadavre sur ses terres, où son père disparaît mystérieusement, elle devine que sa vie est en train de changer. Que quelque chose va se révéler au delà des nuages noirs qui grondent et annoncent une tempête d’une rare violence.

Je n’avais jamais lu Kate Mosse. J’ai pris un plaisir incroyable à cette écriture emprunte de réserve et d’une certaine pudeur. Une écriture qui prend son temps, qui décrit sans se presser, avec une précision telle qu’on a la sensation de vivre dans cette ville d’une autre époque. On devine les recherches, les enquêtes de l’auteur pour être au plus près de la réalité de la vie d’une petite ville anglaise au début du XXème siècle. C,est vraiment très bon…

Lila sur sa Terrasse

Je suis moi.

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2 commentaires

  1. […] l’espoir sont permis dans ce monde noir. Et que cela peut sauver de tout.Une nouvelle fois, Sandrine Collette me bouleverse, à en rester muette. Elle me gifle par la justesse de ses propos, durs et sans […]

  2. […] St. John Mandel m’avait bluffée avec l’excellent « Station Eleven ». Ici, elle récidive dans un tout autre registre. Pas de monde post apocalyptique mais un monde […]

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