Le Boudoir des Nanas

Vous savez que vous vivez avec un ado quand… (1ère partie)

Devenir maman a été une des choses les plus surprenantes de ma vie.

Et sans doute la plus incroyablement riche.

Sauf que votre poupon que vous embrassiez sans arrêt, que vous habilliez comme bon vous semblait, que vous emmeniez partout, que vous aviez toujours dans vos bras, s’est transformé au fil des ans en un garçon oscillant entre ses envies de parents présents et ses envies d’indépendance…

Sa priorité devient ses potes, il vous néglige pour des écrans qui n’ont rien de tendres, vous fait parfois damner par des comportements insensés…

Et puis un jour, il vous défend CA-TÉ-GO-RI-QUE-MENT l’accès de la salle de bain quand il y est. Et là, c’est le choc. Mon bébé n’en est plus un. Passé cette gifle monumentale, vous commencez à l’observer en douce… L’épiant avec retenue… Surveillant ses faits et gestes… Et là, la réalité vous rattrape et vous fait réaliser que votre p’tit mec est désormais un ado… Ouais. Un vrai de vrai. Et le pire: il est bien dans ses pompes, l’assume et ne semble pas perturbé par ces changements qui semblent vous pousser vers la porte d’entrée de la première gériatrie venue.

A quel moment sait-on qu’on vit avec un ado? Qu’est-ce qui vous fait le réaliser?

Allez… Dans mon inénarrable bonté, je vous fais partager mon expérience…

  1. Il ne mange pas, il dévoooooooooooooore:

Si vous pensiez que la petite assiette de coquillettes/jambon avalée le soir, quand vous êtes à la bourre sur tout, lui suffit à apaiser sa faim, vous vous mettez le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. mangeant à la cantine à midi, sa première phrase quand il me retrouve en fin d’après-midi est « On mange quoi ce soir? » « Bonjour mon chéri! » « Salut M’man! Alors? On mange quoi? » Et là vous vous surprenez à vous demander si finalement il n’est pas né ogre. Ne jamais lui dire « J’sais pas! Tu as envie de quoi? » Parce que vous allez vite vous retrouver à faire des pâtes à la main, une pâte à pizza maison ou un boeuf bourguignon version rapide, avant d’embrayer sur une charlotte au chocolat ou un marbré. Dites lui « Je vais voir, ok? prends un goûter en attendant. » Il ne prendra pas finalement UN goûter mais s’enfilera la moitié du paquet de biscuits au chocolat ou un tiers du paquet de céréales. Bon! Chouette! Il mangera moins ce soir! Tu parles. Il déboule dans ma chambre, me fusillant du regard car je suis en train de vous écrire, ou de bouquiner, et me demande, en se tenant le ventre (genre « Je n’ai rien mangé depuis des jours », vous renvoyant l’image d’une mère indigne affamant ses enfants pour se consacrer à des choses futiles!)  « C’est prêt dans combien de temps? » « Il est 18h30! » « Je peux prendre un p’tit truc à grignoter? ». Le plus difficile est de résister à la tentation d’appeler votre médecin et de lui demander quels sont les symptômes du ver solitaire.

Ah oui: le grignotage chez l’ado-mâle… (L’ado-femelle, je vous en parlerai dans quelques années, si je ne vis pas sous les ponts d’ici là,  exsangue financièrement d’avoir dû nourrir mon ogre en devenir.) Donc, votre ado a besoin de grignoter pour apaiser ce ver solitaire et aider son corps à se transformer, à grandir. Pour cela, il vide les paquets de biscuits, de jambon blanc, les fromages, le pain (du moins la mie: j’ai longtemps cru être la victime d’une invasion de souris), le chocolat… Et, allez savoir pourquoi, l’ado a ce comportement étrange: il ne jette rien, laissant les paquets vides sur les étagères, sous le lit, dans le frigo ou les placards. Croit-il que la bouffe se régénère toute seule? Que des lutins bienveillants remplissent à nouveau les paquets durant la nuit? Je l’ignore… Toujours est-il que lorsque vous lui faites la remarque il dit « Ce n’est pas moi! » devant la mère dépitée que vous êtes.

Et le pire… Vous avez habitué votre enfant à manger de bonnes choses faites maison. Des produits frais cuisinés avec amour (sauf les soirs de détresse culinaire où je sors lamentablement une pizza surgelée du congèl’). Sans pitié, votre ado vous réclamera pâtes faites à la main, tartes salées, plats mijotés avec amour, crêpes, gaufres, gâteaux qu’il vous réclame régulièrement. Et quand dans un resto, il demande avec nonchalance au serveur « C’est vous qui fumez votre saumon ou c’est de l’industriel? », vous hésitez entre sourire et vous planquer derrière votre carte (en remerciant au passage, silencieusement, votre papa de lui avoir donné cette bonne habitude puisqu’il fume le saumon dans sa cour, dans un fumoir artisanal. )

Bref, tout ado mâle, homme en devenir a du sang d’ogre dans les veines. Mettez vous bien cela en tête!

    2.  L’ado et sa chambre.

Peut-on appeler cela « une chambre »? J’hésite entre dépotoir privé, musée d’art bordélique et conceptuel et capharnaüm malodorant.

Quand votre ado passe la journée enfermé dans sa chambre avec son pote, et que vous y entrez pour leur signaler que le goûter est prêt, vous êtes tétanisés et surpris… A quel moment de la journée une équipe de rugby, (joueurs, remplaçants et staff compris) est passée  dans le couloir menant à sa chambre, sans que vous vous en aperceviez, afin d’y faire un entraînement intensif, libérant ainsi des odeurs bien spécifiques que je vous laisse deviner… ? N’ayant aucune réponse, vous attendez qu’il se jette sur les victuailles fraîchement cuisinées, pour aérer la chambre, tout en inspectant les recoins, pour être certaine qu’un cadavre en décomposition n’est pas caché quelque part. Non. Rien. Etrange.

Notez quand même qu’inviter un pote à passer l’après-midi ou la nuit chez vous est très intéressant… Parce que d’un coup de baguette magique, cette phrase « Ton copain ne vient que si ta chambre est rangée. », déclenche un miracle. Adieu caleçons, chaussettes, tshirts traînant sur le sol. Envolés les fringues propres mais pas rangées. Bon, je vous l’accorde, le mot rangement n’a visiblement pas le même sens pour votre ado que pour  vous. Les cahiers et bouquins éparpillés se retrouvent entassés dans un coin, à défaut de retrouver leur place sur l’étagère. Les fringues remises dans l’armoire, mais en boule. Le bureau juste un peu moins encombré, la plupart des affaires ayant trouvé une place providentielle dans un bac d’affaires d’école neuves.

Et quand vous lui demandez de la ranger, alors qu’aucun pote n’est annoncé, son visage trahit une détresse insoutenable. N’a-t-on pas idée de lui imposer une telle corvée? Il faut dans ces cas là, garder son calme et proposer votre aide. Un Temesta pris juste avant peut être nécessaire, sachez le. « Mon chéri? Que font tes éval de maths dans la poubelle? » « Ben elles sont passées, on n’en a plus besoin! » Zen, je dois rester zen… « Pourquoi tu as pris ma boîte de crayons de couleurs du boulot? » « Ben parce que les miens ne sont pas taillés! » Inspirez, soufflez, inspirez, soufflez… « Que fait la cuillère en bois dans ta chambre? » « J’en avais besoin pour un truc en Arts Plastiques, mais je vais te la laver! » Un deuxième Temesta est parfois nécessaire.

    3. L’ado et son look.

Bon. Alors là… Aux Temesta doivent parfois s’ajouter des Tranxène. Si votre petit garçon n’a jamais opposé la moindre objection à la façon dont vous le coiffiez, l’habilliez, l’ado qu’il est désormais a des idées bien arrêtées sur son look. Il sait ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. Evidemment, ce qu’il ne veut pas est souvent ce que VOUS vous voulez. Donc, par respect de sa personnalité, vous le laissez faire. Quitte à vous lever à 5h00 du matin pour profiter de la salle de bain avant que celle ci ne devienne inaccessible pendant un long moment. car si VOUS, vous n’accordez que peu d’importance à votre coiffure (enfin… moi surtout, vous, je ne sais pas!), LUI va passer un temps fou à se coiffer. Venant même vous déranger pendant votre petit déj’ avec des questions existentielles « M’man! La mèche, je la mets de quel côté? » « M’man, tu trouves pas qu’ils sont trop longs derrière et pas assez devant? » « M’man! Y’a plus de gel! Je fais comment moi? Je ne vais pas aller au collège mal coiffé non? » Vous vous surprenez parfois à envier les parents d’ados ayant opté pour une coupe courte ou un sabot de 2, pensant même à soudoyer le coiffeur lors du prochain RV pour « déraper » et lui faire un « trou » nécessitant un boule à Z. Avant de revenir sur cette idée: sa détresse et les hurlements à venir, chaque matin, vous laissant entrevoir un Enfer dont vous n’avez pas idée… Donc vous lui souriez et lui dites  » Peu importe! Tu es toujours beau de toute façon, » « Ouais tu dis ça parce que t’es ma mère! » Pas faux. Il hausse les épaules et retourne à sa création artistique du jour.

Côté fringues, je n’ai pas à me plaindre. Il n’est pas difficile. Il ne porte que des jeans et des polos ou pulls unis. Sa seule exigence étant ses baskets. Car mon fils est sportif. Oui, je sais, je devrais demander un test ADN.

      4. L’ado et le collège.

L’entrée au collège est un cap pas forcément facile. Mais après quelques semaines d’adaptation. Il s’y sent plutôt bien. Tellement bien qu’il me raconte ses « bêtises » avec ses potes: subtilisation de fromages au self car il meurent de faim (cf premier point), blagues aux copains (ouvrir leurs sacs dans les couloirs et riant d’en voir le contenu se répandre…), remarques des profs quand ils bavardent « Tu bavardes? Tiens donc… » « Toi aussi t’étais bavarde Mamou m’a dit! » Noter dans un coin de votre tête: avoir une conversation avec ma mère.

Il grandit et découvre des nouvelles choses… Vous avez des discussions parfois intéressantes et riches. Et puis, un jour, alors que vous regardez un film avec lui, en buvant un thé brûlant, il vous demande « Dis maman, c’est quoi une sodomie? » Passée la brûlure au 3ème degré sur vos jambes, vous répondez « C’est d’ordre sexuel. Tu es un peu jeune pour savoir » « Ok! » (Il était en 6ème. N’ayant jamais reposé la question, je suppose que ses potes lui ont apportée la réponse escomptée…)

La réunion de parents d’élèves… Bon… ça va… Il travaille bien. Pas grand chose à dire. Sauf que Monsieur mon fils amuse la galerie par ses blagues et remarques… Profs y compris. Aucun manque de respect donc je prends cela avec philosophie. Le gêne moqueur semble ne pas avoir sauté une génération. Et c’est tant mieux.

Dans le couloir, il parle avec ses potes. J’apprends que leur bande est la chouchoute des profs, visiblement. J’essaie quand même de garder mon sérieux. Je les regarde rire et parler ensemble, ne comprenant pas tout… Je réalise alors que leur vie sociale à eux est aussi riche que la nôtre. Ils grandissent dans cet univers qui nous paraît bien loin, apprenant à être eux, à s’affirmer, ou du moins essayer. Ils sont en train de devenir des « grands », tranquillement, avec leurs caractères, leurs personnalités. Ils ne sont plus des enfants; ou alors encore un peu. Ils ont besoin de nous mais cherchent à s’émanciper. Je sais que j’ai de la chance: le mien est « sage », c’est un ado calme. Je le regarde et je mesure que dans quelques années, il vivra sa propre vie. Jamais loin de moi. Enfin… je l’espère.  Mais ce sera SA vie. Avec ses choix. Ses décisions propres. Et je suis émue de le voir, là, au milieu de ses amis, dans ce couloir austère, à rire et sourire. Quels que soient ses choix, je serai là. Je continue à discuter avec d’autres parents… Laissant ces petits adultes en devenir, se raconter leurs histoires…

En sortant, mon fils à qui je dis « Ils ont l’air sympas tes copains mais essaient de ne pas trop bavarder et faire le clown ok? » me répond « Ah ouais! Ils ont trouvé que tu avais un look jeune! Et c’est vrai m’man! T’as vu comme les autres mères font vieilles? » C’est certain, il saura parler aux femmes. Vous essayez néanmoins de lui faire la morale sur les notes qu’il pourrait améliorer en travaillant un peu plus, il vous écoute et vous sort cette phrase « Je sais M’man! C’est booooooooooon! ». Phrase qui a le don de vous rendre dingue et qui annonce la 5 ème partie… La nonchalance de l’ado…

Dont je vous parlerai demain car cet article annonce déjà 1953 mots et que je suppose que vous avez du boulot, des dossiers à terminer, des SMS à envoyer à vos essentiels, des Temesta et autres tranquilisants à aller acheter…

Allez… Je vous souhaite une bonne journée…

Souriez… Tout cela le mérite…

Nath

LA SECONDE PARTIE EST ICI!!!!!!

 

Lila sur sa Terrasse

Je suis moi.

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8 commentaires

  1. valetted@bluewin.ch'
    Valérie a dit :

    Excellent ! Tellement juste…tellement vrai …Ouf ça rassure 🙂
    Et je te dis pas, j’en ai deux pour le prix d’un. Une fille et un garçon, 15 mois d’écart ! Je me la joue tout en même temps …la palette de Temesta ne sera pas suffisante !!!
    Par contre l’avantage c’est que je peux prendre un pour taper sur l’autre 😛 😛 😛 et que …peut-être…j’en serai sortie d’un seul coup plus vite…ou pas 🙂

    1. Lila sur sa Terrasse a dit :

      Ha ha ha!!!! Ma pauvre!!!!!!! Oui c’est certain mais ne laisse pas trop de marques hein?
      Des bises à vous 3!

  2. […] vous êtes nombreux à vous être reconnus dans la première partie… C’est chouette je trouve: on se sent moins seul, on se soutient, on échange nos […]

  3. ax-l.cie@orange.fr'

    On survit, je suis déjà passée par 3 ados et j’en ai deux en cours ;-). mais c’est parfois épuisant et pour le moment les ados mâles ont été/sont plus facile à vivre que les ados femelles 😉

    1. Lila sur sa Terrasse a dit :

      Ben dis donc! Bravo!!!!
      Je te dirai cela dans quelques années!!! 😀

  4. Rimoux.n@orange.fr'

    J’avais presque oublié … Les miens sont déjà dans la phase suivante !
    Et pas de souci pour tes 1953 mots qui ont agrémenté mon insomnie ?

    1. Lila sur sa Terrasse a dit :

      Hé hé hé…. Sacrés mômes! Bon ça va! Si tu as oublié, c’est que ce n’est pas si terrible, finalement!!!
      Encore une insomnie? grrrrrrrrrr…..
      Gros bisous ma chère nelly!!!

      1. Rimoux.n@orange.fr'

        Non je te confirme , se sont de chouettes jeunes adultes .
        Bises

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