3 femmes
3 destins
3 histoires racontées avec une incroyable dextérité et une belle dose d’émotions.
Smita vit en Inde. Elle est une « intouchable ». Cette caste que l’on ne regarde pas, ni ne touche. Elle ramasse les déjections des castes supérieures de son village. A la main. Mais Smita ne veut plus de cela. Elle refuse de voir sa fille vomir comme elle sur le bas côté des chemins quand l’odeur devient insoutenable. Alors, contre toute attente, avec l’espoir et la colère au creux du ventre, elle va prendre sa vie en main. Pour sauver celle de sa fille.
Giulia aide son père dans l’entreprise familiale sicilienne. Elle dévore des livres et refuse l’idée d’un fiancé imposé par sa famille ou les diktats sociaux… Quand son père se retrouve immobilisé et inconscient, elle doit reprendre les affaires en main. La rencontre avec un bel inconnu aux cheveux noirs et aux yeux clairs, et la découverte de la réelle situation financière de l’entreprise vont faire exploser la vie tranquille qu’elle croyait mener…
Sarah est une avocate réputée et une acharnée de travail. Sa vie professionnelle a toujours primé sur tout, au point de divorcer deux fois et de ne plus avoir de vie privée… Elle concède un créneau horaire à ses enfants le soir. Cet acharnement, cette volonté de réussite, coûte que coûte, ne la rend pas heureuse mais satisfaite de ces choix. Sauf que même une Working Girl sans répit comme elle ne peut pas tout maîtriser. Et quand la maladie frappe à sa porte, c’est tout son monde rempli d’artifices qui est chamboulé…
Est-ce parce que je tresse les cheveux de ma puce régulièrement, et que j’aime ce moment d’intimité mère/fille que le titre de ce livre m’a interpellé? Ne lisant que très peu d’articles littéraires et vivant en ce moment coupée du monde virtuel la plupart du temps, je n’en avais pas entendu parlé. Je l’ai ouvert. Dévoré. Et je n’aurais qu’un mot.
Bluffant.
Laetitia Colombani nous entraîne ici dans une histoire tressée entre 3 femmes.
3 femmes qui ne se rencontreront jamais mais qui vont voir leurs destins liés par une simple tresse coupée.
Oui. Une simple tresse coupée. Un symbole de féminité vécu différemment selon les héroïnes de ce roman emprunt de bienveillance, d’espoir et d’une ôde à la liberté et à la féminité, aux femmes décidant de choisir leur destin, d’affirmer qui elles sont, au delà des conventions sociales, patriarcales établies depuis des siècles.
Que ce soit Smita, Giulia ou Sarah, chacune porte à sa façon le poids de ces traditions ancestrales sur ses épaules. Faire ce que l’on attend d’elle(s). Être soumise, dévouée, travailleuse, femme et mère modèle. Admirer l’homme, le « mâle », celui qui détient les rênes de l’autorité familiale, celui qui prend les bonnes décisions, celui qui connaît, qui sait… Et chacune à leur façon, au fil du récit, elles vont se délester de ce poids. Avec conviction de faire ce qui est juste pour elle. Gagner leur liberté. Quitte à faire voler en éclats leurs vies toutes tracées.
Avec une grâce subtile et un style fin, Laetitia Colombani nous montre ces chemins de traverse que ces 3 femmes décident de prendre pour échapper aux rails bien ancrés dans le sol de leurs sociétés respectives. Des chemins compliqués, dangereux, tortueux, escarpés, mais salvateurs, libérateurs, qui les mèneront à une vie qu’elles, seules, auront choisie.
Et nous, lecteurs, nous nous régalons de ce récit fluide, touchant, révoltant, émouvant. A chaque page, des émotions différentes, comme les vies de chacune de nos héroïnes. Différentes mais tellement similaires dans la condition de la femme au début d’un millénaire qui se veut le garant de la parité. Il reste du chemin à parcourir pour parvenir à cela; comme celui de Smita, Giulia et Sarah, il suffit de l’emprunter avec conviction et espoir en des lendemains meilleurs…
Et puis en tressant les cheveux de ma fille, hier soir, et en repensant à ce roman, je me disais qu’il y avait en moi, désormais, un peu de ces 3 femmes si extraordinaires dans leur simplicité: laquelle d’entre nous, après avoir lu ce livre, peut dire qu’elle n’est pas un délicat mélange de ces héroïnes du quotidien?
Un premier roman. Un coup d’essai? Non. Un coup de maître.
Je fais mon article ce soir sur le même sujet. Je suis moins enthousiaste que toi mais j’aime beaucoup ce que tu en dis et le comprends très bien 🙂
Tu m’envoies le lien? Merci! <3
Le voilà 🙂
https://errancesimmobiles.com/2017/07/24/lecture-dete-episode-n1-la-tresse/
Merci! <3
[…] Pour ceux qui n’ont pas découvert ce livre, la chronique est ici! […]
[…] comme moi l’été dernier, vous aviez adoré la chronique de Nath que je vous invite à lire, et qui vous a donné envie de découvrir ce roman. Il est, cet été, […]