Cela vous arrive, à vous, de couper le téléphone, de fermer les volets et de dire « Passer ce soir? Non désolée je ne suis pas là! », juste dans la perspective de passer une soirée tranquille sur le canapé, sous votre plaid fétiche avec un bouquin dans les mains? Juste vous et votre plaisir de lire. Vous connaissez n’est ce pas? Et bien, moi, samedi, en découvrant le livre d’Agnès Martin Lugand dans ma boîte aux lettres, je me suis transformée en ermite, j’ai muré mes fenêtres. j’ai envoyé des sms à mes proches, les prévenant que tout passage inoppiné chez moi durant les 2 jours à venir serait passible de remontrances terribles, voire de ruptures définitives ou d’homicides volontaires.
Et j’ai plongé.
La vie est facile, ne t’inquiète pas est un concentré d’émotions.
Nous avions fermé « Les gens heureux lisent et boivent du café » en souriant.
Page après page, nous retrouvons une Diane apaisée qui se reconstruit mais qui vit avec des souvenirs de sa fille, omniprésents. Et douloureux.
Comment pourrait il en être autrement?
Félix continue de lui tenir la main, au fil des mois. « Aux Gens », elle réapprend à sourire, dans ce lieu de rencontres, d’échanges auquel elle donne tant. Diane en est désormais la seule et unique propriétaire; montrant ainsi à tous qu’elle a repris le cours de sa vie. De façon différente…
Des circonstances tristes vont l’amener à retourner voir Abby, Jack, Judith et Edward à Mulranny. Je n’en dirai pas plus…
Ce qui est incroyable dans les romans d’Agnès Martin Lugand, c’est le sentiment de participer à la vie des personnages. Cette envie de demander à Judith où elle trouve ses fringues décalées, à Edward comment il choisit ses prises de vue… Le temps de quelques heures, nous sommes à Paris, à Mulranny. Comme si nous étions chez nous.
Diane pourrait être l’une d’entre nous.
Ses doutes, ses joies, ses fous rires, ses décisions, ses larmes… Tout en elle nous montre qu’elle est une femme comme une autre. A une différence près. Elle a perdu son enfant dans des circonstances affreuses. Ses crises d’angoisse, de panique, nous les vivons avec elle, un nœud dans la gorge, les yeux humides. En nous mordant même l’intérieur de la joue pour nous donner une contenance quand notre fille vient nous embrasser avant de se coucher. Et se dire que la souffrance de Diane est la pire de toutes. Celle qui pourrait nous mettre à genoux définitivement.
Seulement… La plume délicate de l’auteur nous rappelle que la vie nous offre des choix à faire, à chaque instant. Quelle que soit notre situation. Il n’appartient qu’à nous de décider quoi faire du temps qu’il nous reste à vivre. Va-t-on baisser la garde, se mettre à genoux et attendre que les années passent? Va-t-on vivoter en se complaisant dans une vie qui nous rassure, mais qui ne nous offre pas ces risques indispensables et si stimulants? Ou va-t-on se lever, se mettre à avancer, à se battre, à sourire et vivre sa vie, vraiment, avec la conscience de qui nous étions et qui nous aimerions devenir et être.
Et puis… Elle nous pose aussi cette question, tout en délicatesse… Que serions nous sans nos amis? Sans ceux qui sont là dans les pires moments comme dans les meilleurs. Ceux qui nous tendent la main alors qu’on a décidé de s’arrêter parce que le chemin est trop difficile. Ceux qui savent nous dire « Merde, tu fais chier. » quand nous le méritons. Ceux qui savent si bien nous secouer les puces quand nous lâchons prise. Mais ceux qui nous soutiennent. Quels que soient nos choix. Ceux qui partagent vos fous rires, vos histoires. Ceux qui rêvent avec nous, les yeux grands ouverts. Vous voulez que je vous dise? Nous ne serions pas grand chose…
Quand nous refermons ce livre, nous sourions… Avec la certitude que Diane nous a susurré ces mots « la vie est facile, ne t’inquiète pas… » sans que l’on s’en rende compte…
Agnès Martin Lugand est brillante: en 315 pages, elle nous fait réaliser doucement qu’une Diane sommeille en chacune de nous, et que la réveiller dépend uniquement de notre foi en la vie. En l’amitié. Et en l’amour.
Et que tout est possible.
Si on le décide.
A lire absolument.
Hâte de le lire…. tu te doutes bien ! Et voir comment elle s’en sort, elle.. Tu me le mets de côté, hein? Gros becs
Oui… Il t’attend. Enormes bisous ma Nath