« Tu lis quoi en ce moment, toi? »
Ben… Plein de choses. Plusieurs livres en même temps. Je n’arrive pas à n’en lire qu’un. Il faut que je me perde dans plusieurs histoires pour avoir le sentiment de réussir à lire tout ce que je voudrais.
Si je suis une acheteuse « compulslivres« , je suis lectrice de la même manière.
Des bouquins commencés traînent un peu partout chez moi; partout où il y a un fauteuil, une chaise, un canapé. Même dans mon sac à main. Je les décore de petits marque-pages « post-it », pour retrouver les passages qui me plaisent ou me touchent. Je picore ça et là quand j’ai quelques minutes. Ou je me plonge dedans pour de longues heures. Je ne suis pas fidèle en lecture. Je ne supporte pas la monogalivre. Je passe des bras de l’un à l’autre sans aucun scrupule ni remord. Je me laisse envelopper de leurs mots. Je me laisse séduire. Ou pas. Parce qu’en plus je suis exigeante. Ne supportant pas la médiocrité, la facilité de certains. Ou parce qu’ils ne me parlent pas, tout simplement. Dans ce cas, je les abandonne. Pas le temps de perdre mon temps. Parfois quelques pages suffisent à me faire comprendre que je tiens là un bon bouquin. Parfois il me faut plus de temps; et quand je n’accroche vraiment pas… Suivant. Ceux aussi que je lis avec un léger plaisir et que je terminerai malgré l’absence de séduction totale; ce sont souvent eux que j’ai le plus de mal à terminer. Et puis il y a ceux qui me parlent en quelques secondes. En quelques mots ou quelques lignes. Ceux que je dévore en quelques heures, ou petits jours selon l’épaisseur. Alors là, je suis atteinte de cannibalivre aigu, me nourrissant de l’histoire, de ces mots et oubliant parfois les nourritures terrestres.
Je ne peux pas dire que j’ai un « style » de lecture préféré. Je suis ouverte à tout. Je découvre. J’aime me laisser prendre par la main et mener vers des horizons différents. Olivier avec ses « Humeurs Noires » me fait découvrir des auteurs dont je ne soupçonnais pas l’existence. Je glisse depuis, régulièrement, sur des pentes sombres qui me dévoilent des hauteurs (auteurs?) dont je n’avais pas idée. Les petites maisons d’édition qui m’envoient des livres d’auteurs inconnus m’offrent parfois de belles surprises. Ou pas. Les grandes maisons d’édition m’offrent ce privilège de lire des livres avant leur parution. Auteurs connus, valeur sûre pour le plaisir de lire? Pas forcément, non. Du moins pas pour moi. Je sais rester critique.
Est-ce que je chronique pourtant TOUT ce que je lis?
Et bien non.
Absolument pas.
Avant tout, je veux continuer à lire pour le plaisir et non pas dans l’objectif systématique de rédiger une chronique. La contrainte n’est pas le meilleur moteur pour l’écriture, pour moi. Je n’écris que si j’ai envie. Et parfois je n’ai pas envie. Parce qu’une lecture m’a profondément touchée et que je ne sais trouver les mots. C’est rare mais cela arrive. Parce qu’une lecture m’a plue mais bon, rien de transcendantal non plus, donc l’envie d’écrire n’est, là, pas une évidence. Ou parce qu’un livre m’a déplu, et que je ne l’ai pas terminé. Alors, là, je ne pipe mot.
Pourquoi?
En créant cette terrasse, je n’avais pas imaginé chroniquer autant de bouquins. Juste quelques uns, comme ça, de temps en temps…
Et puis… Nos lecteurs ont adhéré. Et moi je me suis prise au jeu. Pour une lectrice comme moi, y’a-t-il de plus beau compliment que « Tu m’as donné envie de lire ce livre. » ou « Tu me conseilles un truc, t’es toujours d’bon conseil et j’sais pas quoi lire? » Ou quand vous prenez un café chez une copine et que vous remarquez que sa bibliothèque est truffée de livres qu’elle a achetés suite à une chronique.
Alors oui, c’est vrai. Certains les trouvent sans doute sans intérêt, nulles à chier, trop cucul la praline, etc, mes chroniques. Ben ouais. Mais c’est comme ça. J’ai envie de rédiger des petits billets sympas et sans prétention qui se lisent vite et bien. Je n’ai pas envie de me mettre à écrire des chroniques imbuvables, pleines de références « à la mords moi l’noeud » dans lesquelles le vocabulaire employé nécessite l’utilisation régulière du dictionnaire, ou de l’application « Quel vocabulaire pour se la péter? ». Ce n’est pas moi, ça. Mes années de fac m’ont appris à quel point l’élitisme littéraire pouvait dégoûter de la lecture, et à quel point il est difficile de s’y remettre. Sans crainte, ou sans culpabilité « Oh mon Dieu, j’aime ce livre mais il n’est pas référencé dans ce magazine, c’est donc mal? » ET BIEN NON. Il faut arrêter de prendre un air hautain quand on parle de littérature. A notre époque, la littérature a plusieurs visages. Nous avons une chance infinie d’avoir un choix si varié dans nos lectures: des styles tout aussi différents que nous le sommes, nous, différents. Oui je sais, il y a des livres ou des auteurs dont je refuse de parler parce que je trouve ce qu’ils font, déplorablement fade et terne, et que je n’y vois aucun intérêt ni plaisir. Mais je ne méprise pas pour autant ceux qui aiment. Loin de là. Je respecte les choix et les goûts de chacun. La lecture est une chose personnelle que nous n’avons pas à juger. Et si ces lecteurs qui aiment ces livres, découvrent un jour, d’autres auteurs, puis d’autres livres, puis d’autres auteurs, et qu’ils se mettent à lire de plus en plus, oubliant d’allumer la télé et se jetant ainsi dans cette délicieuse gourmanlivre qu’est la lecture, alors, ils auront eu raison de commencer comme eux le voulaient. Et non comme nous aurions aimé qu’ils commencent.
Qui sommes nous pour juger des lectures d’autrui? Franchement?
Qui je suis, moi, pour dire du mal d’un livre que MOI je n’ai pas aimé? Je sais qu’une chronique négative peut ou devrait être constructive. Oui. Ok. Mais nous, ici, sur cette terrasse, nous espérons donner à nos lecteurs, l’envie de lire. Pas l’envie de ne pas lire des bouquins que nous nous n’avons pas aimés. Ch’uis vach’ment claire là , hein? Même si mes arguments seraient sans doute recevables, (certainement même), j’estime ne pas avoir à le faire. Surtout que je ne finis jamais un livre que je n’aime pas. Il m’est arrivé dans certaines chroniques mensuelles de dire qu’un livre ne m’avait pas emballé plus que cela mais en lui reconnaissant tout de même des qualités certaines. Mais voilà. Ah si! J’ai déjà envoyé à des petites maisons d’édition un avis très défavorable sur un bouquin: mais par mail, en toute confidentialité, en justifiant ma pensée, en expliquant pourquoi je n’avais pas aimé. Cela a été bien pris. Jamais vous ne m’entendrez critiquer un auteur. Quoique… On croise quand même de sacrés cons parfois! Oups! Désolée. C’est plus fort que moi… Oh hé ça va! Déjà je n’ai pas dit qui et de plus un auteur a tout à fait le droit d’être con et prétentieux. Il reste un homme avant tout. Ou une femme. Y’a une jolie tripotée aussi….
Bon… Au delà de cette plaisanterie…
J’ai fait le choix de ne pas chroniquer ce que je n’aime pas. Pour les raisons que vous venez de lire mais aussi parce que je préfère garder mon énergie pour le positif, ne pas gaspiller mon temps… Précieux temps.
Quant à ceux qui n’adhèrent pas à notre façon de voir les choses, c’est votre droit le plus intime.
J’espère continuer encore longtemps à vous parler de ces livres que j’ai aimés. Que nous avons aimés. Ou vous faire découvrir de jeunes auteurs inconnus, qui méritent d’avoir un petit coup de pouce, si minuscule soit-il.
Avec ce fol espoir, cette douce utopie, cette prétentieuse envie: vous donnez envie de lire. Ou vous faire découvrir de nouvelles lectures.
Continuez à vous enivrer des ces mots, quels qu’ils soient. Continuez à rêver, sourire, frémir, rire, vous indigner, apprendre, découvrir, espérer…
Vibrez en posant les yeux sur ces mots qui résonnent en vous. Qui vous font vous sentir vivant(e)s.
C’est tout le bien que nous vous souhaitons.
Nath.
C’est quand même chouette une terrasse comme celle-là…
A défaut d’une vraie avec des bons crus…. 😉