La Malle aux Livres noirs

Munera – Eric Calatraba

Munus, muneris (n):appartient à une famille de mots dont le sens général signifie « accomplissement d’une charge ou d’un devoir ». Certains magistrats de la Rome antique se devaient d’offrir au peuple des jeux, et tout particulièrement des combats de gladiateurs, « gladiatorum munera ».

Parce que c’est de cela dont il s’agit dans ce nouveau roman d’Eric Calatraba. De combats de gladiateurs à travers le monde.

Sauf que dans la Rome Antique, les hommes se battaient pour ne plus être esclaves, pour avoir le droit d’être libres. Quitte à le payer par leur mort. Ces jeux étaient « offerts » par les puissants pour divertir le peuple et lui faire oublier ses rudes conditions de vie en distribuant ces jours là des miches de pain aux présents dans cette arène; le fameux « panem et circenses », du pain et des jeux.

Ici, les gladiateurs sont recrutés pour leur habilité aux combats, pour leur besoin d’argent et sont soumis à des entraînements féroces pour devenir le meilleur, ces combats devant être spectaculaires. Car visionnés à travers le monde par des fans et surtout parieurs. Et oui. Car cette violence organisée rapporte un argent monstre aux organisateurs. Millionnaires cruels et sans aucune once d’humanité.

« Le véritable pouvoir est celui de l’argent. Notre bombe atomique à nous c’est le pognon. Beaucoup plus efficace. »

Mais hélas, les candidats sont nombreux. La misère. Le désespoir social. L’espoir d’une vie meilleure, brandi par les recruteurs à coup de centaines de milliers de dollars.

La découverte d’un cadavre mutilé  va déclencher une enquête de haut vol pour Raphaël Larcher et Ugo Lucchi, flics écorchés vifs découverts dans Haïku. Ils vont plonger dans un univers qui les dépasse, qui ne les laissera pas indemnes. Un univers où la vie d’un homme ne compte que si elle enrichit autrui. Où la souffrance n’émeut pas. Où la seule règle est de rester en vie. Coûte que coûte. Quitte à massacrer son prochain. Aucune pitié. Aucun remord. Tuer pour survivre. Entre combats de gladiateurs de notre époque et chasses à l’homme. Sous l’oeil excité de milliers de spectateurs et internautes.

« Le monde était prêt, même s’il ne permettait pour le moment qu’une mise à mort symbolique dans les émissions de télé-réalité qui allaient toujours plus loin dans le trash. »

Dans ce deuxième roman aussi noir que brillant, Eric pointe du doigt l’avidité et la cruauté humaine dans toute leur splendeur. Chapitres ponctués par des airs d’opéra qui adoucissent un instant le propos, il parvient à nous prendre dans ses filets et à nous tenir en haleine jusqu’au bout. En dénonçant au passage bon nombre de travers humains, avec toujours cette capacité à nous émouvoir malgré tout au détour d’une phrase, d’un chapitre.

A lire absolument. Aux Editions du Caïman.

 

 

 

 

 

Lila sur sa Terrasse

Je suis moi.

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