Portrait photo de Claire Castillon
La Malle aux Livres

« On n’empêche pas un petit cœur d’aimer »

Couverture du roman On n'empêche pas un petit cœur d'aimer par Claire CastillonQuand j’ai découvert ce livre de Claire Castillon, posé sur un rayonnage de la médiathèque, je me suis dit « Oh c’est mignon comme titre »…

Puis, un soir, je me suis mise à le lire… Et là… L’impression de me prendre une gifle. Une vraie.

Dans ces 23 nouvelles, l’auteur dissèque, explique et nous donne à lire des histoires d’amour, de vie de couple  qui chamboulent.

Parce qu’elles sont cruelles, dures, mais hélas terriblement réelles.

Les cœurs sont « devenus petits »  ou sont « petits » mais aiment à leur façon…

Plus rien de « mignon »…

Claire Castillon écrit  avec une admirable maîtrise de notre langue, une parfaite justesse des mots.

J’en ai lu la moitié en une fois. Me demandant si je n’allais pas mettre fin à ma solitude quotidienne en allant à la SPA la plus proche, adopter un chien, qui lui, me sera fidèle, ne me prendra pas pour sa femme de ménage, sa cuisinière et ne verra pas en moi un faire valoir quelconque… Quoique…

Je ne vous citerai aucun passage, car lus hors contexte, ils peuvent être terrifiants… Déjà qu’ils ne sont pas forcément rassurants…

Quand j’ai eu terminé ces pages. j’ai eu une incroyable envie de pleurer. Moi qui suis déjà réfractaire à la vie à deux, ce livre m’a vaccinée… Comment dire? Définitivement? Inéluctablement?

Et puis… Cela fait 4 jours que je repense à ces mots. A ces histoires.

4 jours… Que je regarde autour de moi, les histoires de certains proches en train de se disloquer, en train de chavirer tout doucement.  Certains me confient leurs états d’âme. Leurs questions et leurs tristesses. Et cela me fait mal au ventre. Un vague sentiment de gâchis. Dû à quoi?

Non pas à l’absence d’amour. Non. Parce qu’il y a de l’amour dans chacune de ces histoires.

Mais un amour faussé, mal vécu. Un amour qui s’est transformé au fil des années. Un amour qui n’est plus celui auquel on aspire tous.

Vous savez, cet amour incroyable qui transporte. Cet amour qui nous fait nous sentir si vivants et si forts. Celui qui nous chamboule, qui fait naître en nous ces émotions uniques. Celui qui exacerbe nos rêves.

Cet amour qui fait que nous vibrons au moindre regard. Au moindre mot. Au moindre petit geste anodin.

Mais c’est aussi cet amour là, aussi, qui nous mène, lentement, à nous identifier à une de ces nouvelles de Claire Castillon.

Parce qu’en entamant une vie à deux, nous avons trop tendance à oublier qui nous sommes.  Nous essayons de devenir une épouse, un époux ou conjoint(e) parfait(e), une mère ou un père modèle, une femme ou homme d’intérieur irréprochable,  reniant parfois ce que nous sommes réellement, au plus profond de nous. Parce que la société et ses putains de conventions à la con nous l’ont insidieusement ordonné… Nous imposons aussi à l’autre notre façon de voir, nos goûts, nos amis… Mais nous nous rassurons avec des multi-appels téléphoniques quotidiens, des sms à n’en plus finir. Juste pour dire « Ca va? Tu fais quoi »… Des cadeaux conventionnels (connerie de Saint Valentin, bouquet de fleurs occasionnel pour s’excuser d’avoir peut-être, pour une fois, été honnête en étant dur dans ses propos…)

Jusqu’à ce que…

Nous ouvrions les yeux. Nous nous remettions à écouter notre cœur devenu petit, se remettre à battre…

Et à grandir à nouveau.

Parfois nous réussissons à retrouver en lui ou elle ce que nous avions tant aimé. Et c’est chouette.

Parfois nous avons conscience de tout cela, mais malgré tout, rien ne change; nous continuons, pour ne pas blesser l’autre, les enfants, les amis ou les familles. et notre cœur redevient tout petit…

Parfois nous disons « Stop. On arrête. » Avec les ouragans et cyclones inhérents à une telle décision. Ce n’est pas simple. Loin de là…

S’il y a une solution miracle?

Non.

Aucune.

En tout cas, moi, je ne l’ai pas.

Les réponses sont au plus profond de nous.

Les sentiments sont complexes. La vie tout autant.

Autour de moi, je regarde des histoires d’amour qui durent depuis des années et qui sont toujours aussi belles. Je suis admirative. Et quand ces personnes me livrent leurs secrets… Je reste pensive et souriante… La communication, la confiance. Toujours redécouvrir l’autre. Toujours aimer celui ou celle qu’il est vraiment au fond de lui/elle. L’accepter tel qu’il est vraiment, malgré le temps… Rien de métaphysique. Juste cela. Avoir conscience que celui ou celle qui partage votre vie est encore celui ou celle qui vous a tant fait chavirer voilà des années.

Gabriel Garcia Marquez écrivait dans L’amour au temps du choléra :

« Le problème du mariage c’est qu’il meurt toutes les nuits après l’amour et qu’il faut le reconstruire tous les matins avant le petit déjeuner. »

Et puis il arrive que la flamme soit éteinte. Définitivement. C’est ainsi. Difficile dans un premier temps… Puis celui ci apaise les souffrances, les rancœurs. Parfois il transforme une ancienne histoire en belle histoire d’amitié, de complicité. Ou pas. Il n’y a pas de modèles, seulement des exemples…

Je suppose que certains vont dire que je suis désabusée, aigrie… J’en souris d’avance…

Non. Je suis simplement réaliste.

Et quand je dis que les hommes et femmes ne sont pas forcément faits pour vivre ensemble, je le pense sincèrement.

Si je crois à l’Amour? (vous avez remarqué le grand A?)

Et bien, oui, malgré tout cela, j’y crois!

Hé oui! Mais je ne crois pas à ce connard de Prince Charmant!

Je crois que quelque part, il y a « Celui qui… »

Un homme absolument imparfait. Mais parfait pour moi.

Un homme qui ne me fera pas chier avec les repas, les poubelles à sortir, le plan de travail de la cuisine pas rangé, le panier de linge à repasser « il est blindé, tu t’y mets quand? », le repas chez ses parents le dimanche, les invitations qu’on « doit rendre », râlant après mes bouquins qui traînent partout… Un homme qui ne sera pas dans mon quotidien. Mais qui ne me quittera pas un instant… À sa façon…

Un homme qui acceptera cette vie de bohème et s’y sentira bien.

Un homme qui me donnera toujours des  rendez-vous dans des cafés, et qui aura les yeux qui brillent en me regardant entrer.

Un homme qui m’acceptera telle que je suis et non pas telle qu’il aimerait que je sois.

Un homme qui lira contre moi… Et qui me parlera. Vraiment.

Un homme qui me fera rire aux éclats. Chaque jour.

Un homme qui sera là. Tout simplement.

Mais la vie à 2: je n’y crois pas. Certains jours, peut-être. Parce que c’est beau de partager. Parce qu’il suffirait peut être de la créer à notre vraie image, cette vie-là. Pas à l’image d’un idéal qui n’existe pas. D’un idéal que l’on recherche en vain. D’un idéal créé par notre société, notre culture. Les idéaux sont faits pour être bousculés. Parfois j’aimerais bien qu’on bouscule le mien. Qu’on me montre des ailleurs que je ne vois pas forcément.

Et pour terminer, je citerai encore Gabriel Garcia Marquez, dans le même livre, qui écrit:

« C’était comme s’ils avaient contourné le difficile calvaire de la vie conjugale pour aller tout droit au cœur même de l’amour. Ils vivaient en silence comme deux vieux échaudés par la vie, au delà des pièges de la passion, au delà des mensonges barbares du rêve et des mirages de la déception: au delà de l’amour. »

(Pour les plus « courageux » et curieux, ce livre de Claire Castillon est vraiment très bon.

Et puis, si votre cœur est devenu tout petit, ou est tout petit, mais qu’il aime encore, aidez le à devenir grand… Il risque d’aimer encore… mieux.)

Lila sur sa Terrasse

Je suis moi.

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2 commentaires

  1. […] Mais bon. Soyons réalistes. Si certaines et certains d’entre nous touchent presque à cette perfection (je ne citerai pas de prénom, par pure modestie…), nous sommes et resteront tous et toutes des êtres absolument imparfaits. Mais parfaits pour celui ou celle qui nous fera sourire au réveil…  […]

  2. […] avez déjà lu sur cette terrasse des articles concernant la vie de couple, la vie de maman, le […]

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