Aujourd’hui c’est la fête des mères…
Bien bien bien…
Donc nous allons recevoir des mains de nos chers bambins les colliers de nouilles, leurs empreintes des mains à la peinture dans un cadre, un portrait photographié dans une salle des classes rangée nickel, un poème copié dans un livre, des fleurs en papiers….
Tous ces petites présents qui nous font sourire sur l’instant mais qui parfois nous emmerdent bien, au fil du temps, parce qu’ils jaunissent, prennent la poussière, se cassent et on n’ose pas les jeter car on a peur de finir dans les flammes de l’enfer des mauvaises mères…
Qui ose s’offusquer? Quelle mère parfaite traîne ici? Qui oserait avouer ne s’être jamais dit « Oh mon Dieu » en apercevant le cadeau porté avec fierté par son fils ou sa fille, tel ce magnifique porte-serviettes en pinces à linge! Et oui M’sieurs-dames… Au XXIème siècle, certaines maîtresses offrent encore des objets faits en pinces à linge. Ou alors je n’ai pas saisi et c’était une farce incommensurable. Mais rien de grave, rassurez vous, lors de mon dernier déménagement, il s’est malencontreusement cassé en sortant du carton.
Je ne parle pas des petites poésies récitées sérieusement, celles qui vous font vraiment sourire, ou vous donnent envie de pleurer d’émotion (ou de désespoir… )
Oui… Tous ces moments que l’on revit à chaque fête des Mères…
En même temps… Je vais défendre ces enseignants dont je fais partie.
Je vous avoue qu’il n’est guère aisé d’avoir envie de voir offrir des petits cadeaux à certaines mamans qui vous font chier toute l’année, qui ne s’occupent pas de leurs gamins, qui vous prennent pour une garderie et à qui vous avez envie de tartiner le beignet quand elles récupèrent leurs enfants sans un sourire.
Et puis nous, avec mes collègues, nous détestons faire un cadeau pour la fête des mères. Ou des pères. Parce que nous avons des gamins orphelins dans l’école. Et que leur rappeler que le cadeau pour leur maman ou leur papa va finir sur une tombe, ou alors donné sans joie, a un côté inhumain. Alors quand ma fille m’a dit « Tu sais maman, il n’y aura pas de cadeaux pour la fête des mères, parce que la maman d’Anaïs est morte l’année dernière, c’est normal hein », je n’ai rien dit et j’ai souri.
Une année, la mère d’une gamine était en prison. La petite lui a amené sa boîte à bijoux au parloir: elle a été refusée car les angles était coupants. Quand la puce m’a dit cela, je me suis décomposée en imaginant la tête de la mère et de la fille quand les gardiens ont repris la boîte. J’en ai eu la nausée.
Ou ce jour où une amie m’a dit avoir vu le pot de fleur fait en classe, à côté du colombarium, parce que cet élève n’avait pas eu de place pour le mettre devant la photo de sa maman.
Ou ce gamin qui refuse de le faire car il ne connaît pas celle qui l’a mis au monde et s’en moque éperdument.
Alors nous ne faisons plus de cadeau pour la fête des mères dans nos classes.
Certaines vont trouver cela surprenant, voire choquant. Alors qu’elles viennent voir le regard des gamins placés en foyer, lorsqu’ils voient leurs copains fiers tendre le cadeau fait avec amour à leur maman rayonnante, alors qu’eux l’ont fait avec autant d’amour mais n’auront peut être pas l’occasion de le donner à une maman absente. Qu’elles soutiennent ce regard triste et qu’elles osent dire après « Comment ça pas de cadeau de la fête des mères? C’est incroyable! On n’a jamais vu cela! » en pestant sur le trottoir devant l’école.
En quoi le cadeau de la fête des mères serait-il obligatoire?
C’est une tradition qui date de 1906. Qui récompensait les mères de familles nombreuses, dans certains villages. Elle a été inscrite au calendrier national sous Pétain…Pour remercier les mères de leur engagement, pour les remercier d’avoir offert de la chair à canons à cette foutue guerre. C’est notre société de consommation qui a instauré le cadeau…
Les fleuristes, les bijoutiers, les pâtissiers…font un de leurs plus gros chiffres d’affaire de l’année, à cette période. Tout comme la Saint Valentin, je ne donne aucun crédit à cette fête. Absolument aucun. Si ce n’est celui d’embrasser très fort ma maman ce jour là. Elle me connaît, car elle pense comme moi… « De la connerie » ces cadeaux obligés.
Et surtout je me dis que la fête des mères, pour moi c’est tous les jours…
Quand je peste devant leur chambre mal rangée, quand je lave 8 verres dans la journée, quand je retrouve un cookie écrasé sur le tapis du salon, quand je marche sur un légo pieds nus, quand je referme le pot de pâte à tartiner au chocolat en rentrant chez moi à midi, quand le plafond de la salle de bain est trempé, quand je retrouve des caleçons dans la bibliothèque de mon fils, quand des petites taches d’eau me mènent de la cuisine au salon, quand je retrouve mon mascara au milieu des feutres de ma fille, quand mes foulards servent de laisse à des chiens en peluche, quand l’eau sur le sol du séjour atteste de la course des deux tortues sorties de leur aquarium, quand je découvre des notes catastrophiques par hasard sur ProNote, quand ils me font hurler pour tout et n’importe quoi, quand ils se chamaillent pour le dernier Kitkat, quand ils sont chiants tout court….
Et aussi et surtout….
Quand je les regarde à chaque instant. Quand je les embrasse. Quand nous rions aux éclats tous les trois ensemble. Quand nous nous promenons, cuisinons, jouons… Quand nous plongeons nos mains dans le même paquet de pop corn au cinéma. Quand ils insistent pour me coiffer. Quand ils me sautent dans les bras au retour de chez leur papa. Quand je vais plonger, en mère louve que je suis, mon visage dans leurs cheveux pendant leur sommeil, pour les sentir. Quand je sens une petite main se glisser dans la mienne… Quand ils m’offrent un bracelet affreux mais fait spontanément. Ou un dessin hilarant… Pour tous ces moments là, la fête des mères est quotidienne.
Voilà… C’est une fête des mères parmi tant d’autres…
Je souhaite à toutes les mères imparfaites que nous sommes, à toutes ces mamans formidables qui m’entourent, à toutes ces mamans qui sont comblées par un sourire et non pas par un putain de cadeau, acheté, à la con, une merveilleuse fête des mères… Quant aux autres, méprisables et stupides, vous avez un an pour vous rattraper!!!!
Merci pour cette ode aux mères imparfaites. C’est drôle , émouvant et juste …. Comme d’habitude ! Tu es celle que tous les parents espèrent avoir pour leur chère têtes blondes ( ou rousses, ou brunes …) comme à une époque une certaine Vero que nous connaissons . Merci pour ce beau moment
Merci ma chère Nelly… Vraiment… Je te rappelle que tu es toujours invitée pour le Salon du Livre à Nancy Hein? Enormes bisous
Tu as oublié la mère défaite et décomposée, c’est à dire moi, ce jour de la fête des mère ou ma fille s’est vautrée bien comme il faut à vélo ce qui lui a valu 3 semaines de plâtre ! Faites des gosses qu’ils disaient…
Pour les autres méprisables et stupides ben faut pas rêver, l’on va continuer à se les coltiner, elles ne rattraperont rien du tout…
Aller Bon week-end !
Ho la la!!!!!! Faudrait les mettre à l’ASE parfois, hein?
Naaaannn je le crains aussi!!!!!!
Bon weekend à toi aussi! Bises!