« TOI, tu n’as jamais lu Despentes? »
« Non… »
Alors il m’a offert « Vernon Subutex »…
Et j’ai compris là, maintenant. alors que je viens de le terminer, pourquoi.
Non pas pour parfaire ma culture littéraire, non pas pour me forcer la main, non pas par compassion avec ma méconnaissance de cette auteur… Mais parce qu’il savait qu’en lisant ce livre, je serai tétanisée par la justesse de ce qui est écrit. Par la plume vive et acérée. Par la véracité de chaque phrase. Par ce talent rare que possède Virginie Despentes; celui de vous plaquer contre le nez des portraits sans fard d’hommes et de femmes de notre époque, de notre société.
Vernon Subutex est un ancien disquaire, fauché, se retrouvant à la rue, seul. Il va traverser les semaines en allant dormir, manger, squatter chez des amis à lui. Des amis, des connaissances dont il est le dénominateur commun. A la mort de l’un d’entre eux, Alex, rock star contemporaine, certains essaient de se procurer les enregistrements de confidences qu’il avait fait à Vernon, un soir de spleen. Vernon l’ignore et continue d’errer dans un Paris qui n’a ici rien de la Ville Lumière, si ce n’est les enseignes des hôtels miteux ou des gyrophares des ambulances.
Entre des personnages qui travaillent dans le cinéma, la musique, la télé, la pornographie, Virginie Despentes nous dépeint une société malade de bien des choses, en manque de véritables relations humaines. Sauf celles auxquelles eux tous croient. Les fausses. Les galvaudées. Hommes, femmes, SDF, transsexuels, putes, gamins des banlieues plongeant dans la religion, fachos de la pire espèce… tous sont décrits avec une lucidité et une aisance déstabilisante. Des apparts chics aux banlieues tristes en pensant par des couloirs d’immeuble, Vernon semble être « au dessus » de tous, avec son intelligence, son réalisme, sa pudeur et sa retenue. Observant tous ceux qu’il a connus, vus grandir, changés, avec un rien d’amertume et souvent d’incompréhension.
Non, je n’avais pas lu Despentes. Aujourd’hui, pour moi, avec ce livre, elle rejoint Balzac et Zola dans leurs descriptions accablantes de la société, de notre société…Une version contemporaine de la Comédie Humaine. Mais dans un Paris actuel. Qui paraît ici bien sombre et inhospitalier. Avec un langage dur, violent mais maîtrisé à la perfection. Ce langage, cette plume qui nous font retarder le moment où l’on s’approche de la fin. Parce que oui, on s’attache aux personnages, on se prend d’affection pour cet « Ange déchu », cette « Légende urbaine », et qu’apprendre que le second tome est déjà sorti, est juste jubilatoire.
Des extraits? Non… Je suis incapable de faire le choix dans les dizaines relevés.
Voilà pourquoi il me l’a offert. Parce qu’il savait tout cela.
Ce qu’il ne savait pas, c’est que j’aurais les jambes qui trembleraient en lisant les dernières pages.
Parce que c’est beau, tout simplement. Et parce que s’est mise à résonner en moi la chanson de Daniel Darc, mon prince noir, ma référence, « C’était mieux avant », et ses paroles … « moi je sais que le temps n’attend personne pourtant » « je suis un ange déçu, un prince en exil, supportez-moi, c’est moi le bûcher des vanités ».
(« Pas de merci entre nous! » Mais là… Je te le dis… Merci infiniment…)
[…] Pour ceux qui avaient râté cette chronique sur un livre IN-CON-TOUR-NA-BLE. […]
Celui_là me tente beaucoup, je le met de côté !
Oh oui!!! C’est un chef d’oeuvre!!!!!!
[…] écrit. Maintenant, si vous voulez connaître mon dernier coup de cœur : les deux tomes de Vernon Subutex de Virginie Despentes. Fascinant d’humanité, de force, de finesse et d’intelligence […]