Bah ouais. Que voulez vous que je vous dise? J’ai lu un livre 100% greluche pure sucre.
Jusqu’à la fin.
Et j’ai passé un bon moment.
Non, je ne suis pas en phase dépressive hivernale.
Je ne cherche pas à me faire remarquer.
Tout va bien dans ma vie sentimentale, merci: je ne veux rien compenser affectivement parlant et je ne cherche donc pas une évasion quelconque.
Je n’ai pas fait un pari idiot.
Je n’ai pas été payée non plus pour écrire cet article.
Bon. Imaginant sourcils relevés et sourires en coin, je vous explique.
Voilà une bonne quarantaine d’années, j’ai rencontré Karine.
Des décennies plus tard, nous sommes tombées nez à nez au Salon du Livre à Paris. Éditrice chez Harlequin, elle m’a emmenée sur le stand de la « Love Company » comme elle dit. J’ai discuté, écouté leurs auteurs, leurs lecteurs. Et j’ai été très surprise. Par le nombre incroyable de lectrices (très peu de mecs, forcément…) dont les files d’attente pour rencontrer Emily Blaine, entre autres, serpentaient à travers les allées, de façon assez impressionnante, joyeusement et avec une certaine bonhomie. Je relève cet aspect car le côté snob et emprunt d’un certain mépris de certaines files d’attente pour certains auteurs me rend assez dubitative quant à l’idée de la démocratisation de la lecture. Bref, c’est un autre et vaste sujet. Et puis j’ai découvert que les Editions Harlequin se « modernisaient « , offrant désormais un vaste choix de livres que j’estampillerai « Chick Lit' ». Faisant ainsi voler en éclats l’image que j’avais de leurs bouquins. Ceux que ma Nona lisait. Vous savez, ceux avec la couverture mettant en scène une jolie femme à la poitrine presque dénudée, cambrée contre le torse imberbe d’un homme à la chemise ouverte et au brushing impeccable (qui ferait presque pâlir d’envie Julio Iglesias ou Mireille Mathieu), la main sous le fessier de la dame, la pressant fortement contre lui (vous sentez bien le mâââââle, là?), Vous voyez ce que je veux dire? Vous les connaissez tous ces petits bouquins au liseré rose ou bleu pâle? Et bien, Harlequin, ce n’est plus que ça. Il y en a encore. Il en faut pour tous les goûts. De jeunes éditrices ont insufflé un souffle moderne et nouveau à cette littérature souvent décriée: la littérature sentimentale.
En septembre, une escapade parisienne me conduit au pied de l’immeuble de la Love Company pour un déjeuner avec Karine. Cette nana est belle, brillante, intéressante, amusante, très amusante. Surtout qu’à la fin du repas, elle pose un bouquin devant mon café. « Tiens. Si tu peux me lire ça et me dire ce que tu en penses, ce serait sympa. J’ai vraiment besoin d’un avis objectif. » Ha ha ha. Quel humour cette Karine!!! Ah ben non, elle me regarde avec un minuscule sourire en coin, le regard affuté… Merde. Elle est sérieuse. J’peux pas partir en courant. Ni simuler un malaise cardiaque. Bon, ok. Je vais le lire.
Des mois après, voilà 18 jours précisément, je décide de tenir cette promesse tacite. Je me lance donc dans cette lecture: « Ça a commencé comme ça » d’Angela Morelli.
La couverture est sympa, acidulée et lumineuse. Bon…. c’est parti… Je me lance.
Flore est une jeune maman célibataire qui vit chez son père, dans un petit village du sud-ouest de la France. Elle vivote en faisant des pâtisseries pour le café et, accessoirement, seul magasin du village. Elle rêve d’ouvrir une pâtisserie, et continuer ainsi à créer gâteaux, viennoiseries, confitures et autres douceurs… Mais sans travail régulier, impossible de se lancer dans une telle aventure. Entre sa vie de pâtissière ponctuelle, de maman, de fille cherchant à réparer une maison tombant en ruine, elle en oublie de penser à elle. Sa meilleure amie, l’institutrice du village, essaie de la sortir de ce cercle quotidien en lui lançant un challenge: gagner un concours de confitures. Et que ce petit challenge culinaire est le début d’une cascade de situations cocasses et de petits bouleversements dans la vie de Flore. Parce que le seul susceptible de l’aider en lui donnant ces figues rares n’est autre que le beau Corto. Mec ténébreux, mystérieux et tatoué qui ne la laisse pas indifférente. Loin de là…
Angéla Morelli a visiblement une belle expérience de soirées/greluches autour d’une table avec une bonne bouteille de vin. Ou plusieurs même! Les dialogues entre Flore et Fanny sont parfois hilarants et si vrais que je me suis demandé à quel moment, nous avions fait une soirée ensemble. Avec une écriture fluide, légère et agréable, elle nous entraîne dans cette histoire pleine de fraîcheur et de parfums d’été. Evidemment que l’on se doute que le beau Corto n’est pas gay et que leur jeu du chat et de la souris finira forcément en galipettes dans la chaleur des nuits d’été. Mais l’histoire de séduction est plutôt bien menée et Angéla Morelli réussit à faire patienter le lecteur jusqu’aux dernières pages avec une certaine espièglerie.
Donc voilà.
« Ça a commencé comme ça » fait partie de ces livres répertoriés « Chick Lit' », c’est-à-dire littérature pour poulettes. Ces livres qui détendent, font sourire, que l’on a envie de lire au soleil, au bord d’une piscine un jour d’été; ou sur un canapé enroulée dans un plaid dans la froideur des nuits d’hiver…
Je ne lis que rarement ce genre de livres. J’ai lu les « Bridget Jones », quelques « Accros du shopping », quelques auteurs françaises dont j’ai oublié le nom… Je n’accroche pas vraiment à cette forme de littérature.
Mais je la défends ici.
Je crois suis persuadée que bon nombre de gens ne lisent pas car ils ont vécu des expériences « douloureuses » « malheureuses » avec le livre dans leur jeunesse et que les contextes, familial, social et culturel, ne les ont pas aidés à s’affranchir de leurs craintes, de leurs dégoûts, de leurs aversions… Je dis cela en m’appuyant sur mon expérience d’enseignante dans des quartiers sensibles. Très peu de familles encourageaient leurs gamins dans la lecture. Certaines avaient bien compris l’importance du livre mais peu le « pratiquaient ». Le collège ne résout rien en la matière. Le lycée encore moins. Même si de plus en plus d’initiatives auprès des élèves tentent ce « déclic », il reste beaucoup de travail. Ce débat nécessiterait un article à lui tout seul. Voire même plusieurs.
Donc, quand je vois des filles, plus ou moins jeunes, des dames de tout âge, lire de la littérature sentimentale, faire la queue pour une dédicace, discuter avec les auteurs, expliquer pourquoi elles aiment cela, sourire et rire en en parlant, je me dis que ces livres ont réussi à les accrocher, ou souvent les raccrocher à la lecture, et que non seulement c’est chouette mais que nous n’avons le droit de juger en rien.
Qui sommes nous pour juger de la hiérarchie des bons ou des mauvais bouquins? Qui sommes nous pour ricaner des lectures des autres? Qui sommes nous pour critiquer une forme de littérature que nous n’avons pas lue?
Je suis la première à me moquer de celles qui se pâment devant les 50 nuances de Machin, et courent voir les films. Ouais, c’est vrai. Cependant ce phénomène m’interpelle. Des centaines de millions de livres vendus à travers le monde. Vous vous rendez compte? Pour un truc pareil, mal écrit et dénué de tout attrait littéraire, selon moi. Alors, imaginez qu’un tout petit pourcentage de ces lectrices se prennent de curiosité pour d’autres livres de la littérature érotique, et de lectures en lectures vont agrandir leur cercle d’auteurs? Et pourquoi pas, apprendre à apprécier Anaïs Nin ou D.H. Lawrence? Ce serait une sacrée réussite… Une utopie? Qu’en savons-nous?
Quand j’entends des gens dire que ces livres sont de la « guimauve » ou du « sucre candy », je dis que c’est vrai. Comme manger un bout de chocolat aux fruits secs. Un petit plaisir. Comme nous en avons tous. Un menu raffiné d’un grand resto, c’est bon aussi. Comme une pizza d’un resto italien. Comme un tajine marocain. Comme un buffet chinois. Comme un nan indien. Comme des tas de choses. A chacun son plaisir. Si certains sont plus « sucre » que d’autres, en quoi cela est-ce dérangeant? Il faut arrêter cet élitisme littéraire qui a effrayé tant de gens de la lecture, « 9ème loisir des français » loin derrière internet et les séries télévisées.
Les Editions Harlequin ( appartenant désormais au groupe américain Harper & Collins) ont un chiffre d’affaires qui doit faire rêver les maisons d’édition à travers le monde. Ils se modernisent et apportent un panel de jeunes auteurs débutants sur le marché du livre. De jeunes auteurs qui écrivent avec plaisir pour ces lecteurs/trices qui prennent ce même plaisir à acheter un livre et à le lire. La littérature sentimentale n’est plus leur seul fer de lance. Il y a aussi des polars, des thrillers, des livres de sciences fiction et certains ouvrages pour la jeunesse. Une variété qui offre un dynamisme certain à cette maison d’édition souvent critiquée.
Alors, oui, si en lisant un polar édité chez H&C, les lecteurs peuvent s’intéresser à d’autres auteurs noirs et découvrir les différentes palettes de cette littérature, leur pari de faire lire est gagné. Haut la main. Et peu importe si certains ricanent. Moi, je leur tire mon chapeau. Et je suppose que ces petits auteurs édités chez eux, eux, les remercient.
Sur notre terrasse, nous lisons de tout, sans complexes et avec un immense plaisir, celui de partager nos lectures. Alors si vous avez une copine fan de chick lit’, « Ça a commencé comme ça » devrait les ravir au plus haut point.
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Ma chère Karine,
Merci de m’avoir bousculée de la sorte et de m’avoir fait découvrir un monde de lecture que je ne connaissais pas. Rentrer dans ton stand voilà deux ans, m’a permis de conforter mon idée qu’aucun livre ne doit être jugé tant que l’on ne l’a pas lu. Bon, tu m’éviteras quand même les livres avec le bellâtre en smoking et à moitié nu sur la couverture, ok? En revanche, je vais lire les 2 polars et te dire ce que j’en ai pensé. Promis. On se voit très vite?
Angéla,
J’espère que ma prochaine escapade parisienne nous permettra de boire un verre ensemble. Je te dirai alors combien les pages 36 et 37 nous ont fait hurler de rire, mes copines et moi. Nous avons toutes rencontré des « abrutis qui ont défilé dans nos vies » . Si tu as besoin d’autres exemples pour un prochain bouquin, nous tenons la liste à ta disposition avec force de détails croustillants!
Je vous embrasse les filles!
Nath.
Des Harlequin (et des Barbara Cartland), j’en ai lu un certain nombre pendant mes études littéraires post-bac, ça me reposait le cerveau entre deux classiques et trois philosophes. J’en ai relu un par ci par là quand j’avais envie/besoin d’une lecture qui ne prenne pas la tête.
Honnêtement, ça fait longtemps que je n’en ai pas eu un entre les mains ( mister Grey n’est pas passé par moi, j’aime quand c’est bien écrit et là, les quelques extraits que j’ai pu lire m’ont fait fuir à toutes jambes), du coup ça me tente bien pour changer de la fantasy (ado ou adulte).
Ben figure toi que j’en n’avais jamais lu! Celui ci est vraiment de la chick lit’! C’est super agréable et cela détend, oui…
J’avais essayé « Les nuances » mais impossible! C’est trop mal écrit. Merci…
Génial ! Je n’ai jamais lu d’Harlequin mais tu me donnes presqu’envie ! Sauf que j’ai tellement d’autres envies. Mais peut-être qu’un jour …pourquoi pas ?
Merci infiniment!!! Ben écoute, j’ai vraiment été agréablement surprise… Comme quoi… Ben oui! Il faut lire de tout et savoir ainsi de quoi on parle! Je suis de celles qui ne jugent pas sans avoir lu… Des bises!
[…] Un livre souriant, frais et qui fait du bien! Un feel good book à découvrir!!!! […]
[…] venue dans l’équipe de jeunes auteurs dynamiques et pétillantes de chez Harper & Collins, Lucie Castel nous démontre que la vie n’est pas si simple. Surtout pour Scarlett et Mélie, […]
[…] venue dans l’équipe de jeunes auteurs dynamiques et pétillantes de chez Harper & Collins, Lucie Castel nous démontre que la vie n’est pas si simple. Surtout pour Scarlett et Mélie, […]
[…] mais j’avoue que la lecture de celui ci a été agréable, car bien écrit. Et puis comme je l’ai déjà écrit auparavant, il ne faut mépriser aucun type de lecture, car c’est sans doute à cause de ce comportement […]