Envoi mensuel du Livre de Poche. Niko Tackian. « Toxique »
Je l’ai choisi. Parce que je voulais vérifier par moi même si c’est aussi bon que ce que bon nombre disent.
Donc nous voici à Paname. Pluie. Bitume. Grisaille omniprésente. Aucun doute nous sommes dans un polar.
Un règlement de comptes violent.
Des flics qui bossent en équipe autour du meurtre d’une directrice d’école.
Des vies cabossées qui ponctuent le récit.
Des questions qui resteront sans réponse pour le moment.
Des salles d’autopsie qui se muent en films gore, à nous donner des nausées.
Des personnes anonymes dont la vie bascule parce qu’une femme a décidé de leur imposer sa propre vision de la vie. De leur faire payer la sienne. Une femme au delà de tout soupçon. Effacée. Aimable. Cruelle. Perfide. Sournoise.
Comme sait aussi l’être la vie, quelquefois.
Et au milieu de tout ça: Tomar Khan.
Le flic aux fractures intérieures si grandes qu’on se demande comment il peut encore tenir debout.
Le flic à l’empathie distribuée au compte-gouttes. Parce que la vie est pleine de salauds qui bousillent des gosses et leur filent des cauchemars pour des décennies.
Le flic qui avance dans la vie comme il maltraite son sac de frappe. Sans pitié. Sans concessions. Avec un instinct de protection quasiment animal pour ses proches.
Le flic qui en quelques chapitres se hisse aux côtés de Mehrlicht, Coste, Yeruldegger, Larcher, Hole, dans le cercle fermé des « flics qui doivent à tout prix être connus ».
Parce que ouais, comme les auteurs qui ont créé ces héros d’un quotidien pas ordinaire, Tackian est toxique. Il perturbe nos plus basiques fonctions d’être vivant. Il altère notre perception des choses.
Une fois que l’on plonge dans son récit, tout autour de nous s’éteint, disparaît. L’apathie nous gagne. Impossible de bouger. Chaque passage nous envahit, sans même nous en rendre compte, et nous coupe de toute forme de vie extérieure. Anéantissant nos pensées primaires « Encore un flic et son équipe? Qu’est ce qu’il va bien pouvoir trouver? ». La dépendance s’installe insidieusement. Lentement. Aucune réaction n’est envisageable. Trop tard.
En refermant ce livre, j’ai souri.
Putain, qu’est-ce que c’est bon.
Nath.
En partenariat avec le Livre de Poche