Je ne vais pas vous mentir, j’ai la pression en écrivant cette chronique…
Parce qu’elle doit immanquablement vous donner l’envie de lire ce bouquin.
Cela fait six mois que je tanne tous les gens que j’aime avec « Nous rêvions juste de liberté », je vais désormais ajouter « La Faux soyeuse » à cette courte liste « des-livres-qu’il-faut-absolument-lire-parce-qu’ils-changent-définitivement-quelque-chose-en-vous ».
Je ne lis jamais les quatrièmes de couverture, elles me gâchent souvent mon plaisir. Je ne savais donc absolument pas quelle histoire j’allais vivre lorsque je l’ai chargée dans ma liseuse cet été – juste que certains avaient été assez dithyrambiques à son sujet.
J’ai été complètement happée et bouleversée dès les premières lignes.
Et j’ai eu besoin de faire une pause au bout de deux chapitres tant ils m’ont retournée.
Un vent de folie se préparait à tout balayer sur son passage et dans ce tourbillon furieux, nous étions destinés à nous perdre et mourir.
Bien. De quoi ça parle, vous demandez-vous peut-être ?
Même si cela eût été beaucoup moins habile que « La faux soyeuse », cela eût pu s’intituler « Chronique d’un toxico ».
Eric Maravelias nous plonge en effet dans les ravages causés par l’arrivée massive de l’héroïne en France dans les quartiers – ici Bagneux – dans les années 80 et les deux décennies qui s’en sont suivies.
Il le fait sans concession, sans en rajouter non plus.
Son livre aurait presque pu être un documentaire tant il est incroyablement juste.
Il est cependant définitivement un roman noir, TRÈS noir.
Et d’abord, la mort n’existe pas à cet âge. Seule la vie compte. Celle qu’on touche, qu’on goûte, explore et explose. (…) La mort? Une fable. La mort? Une délivrance. Vivre est autrement plus difficile.
J’ai dû reprendre mon souffle lors de deux ou trois passages – et ce n’est pas bien mon genre. Cela est probablement dû au fait que tout ce qui est écrit ici est arrivé à des milliers de mômes…
Rien n’est en trop, aucune surenchère, aucun artifice.
La réalité brute et brutale.
Les personnages mis en scène par l’auteur sont terriblement attachants – et ce malgré leurs grosses conneries, parce qu’ils sont terriblement justes et humains.
Combien de Franck, Léon, Cathy, Rachid ou Carole ?
Tous ceux-là vont me hanter encore longtemps…
Un ange passe avec une sale gueule.
Un mot sur le style de Maravelias.
Serré, très serré – il nous laisse peu de répit.
Exigeant, dur – oui encore !
Mais ô combien poétique aussi…
Et ni les mois, les décennies, ni la douleur, le châtiment, ni même la mort, violente ou pas, ne peuvent faire oublier l’étreinte de la came. Je crois que seul l’amour le pourrait. S’il créchait dans le coin. Et encore.
Il faut lire ce livre pour comprendre les mécanismes des ravages que la drogue a faits en France – et notamment son implication dans la contamination du virus du SIDA, pour s’offrir un éclairage extrêmement intéressant sur les banlieues d’hier et d’aujourd’hui, mais plus que tout, IL FAUT FAIRE LIRE CE BOUQUIN A NOS ADOS.
Parce qu’il vaut tous nos beaux discours.
Parce qu’après ça, ils ne pourront plus dire : « on ne savait pas ».
Parce qu’il n’est en aucun cas moralisateur, il s’agit juste de la description de l’engrenage de la drogue par quelqu’un qui sait de quoi il parle.
Et c’est plutôt rare…
[…] je crois que c’est Eric Maravelias, à qui j’expliquais que ma fille avait eu beaucoup de mal à lire Zola, qui a mis le doigt […]
[…] à Eric, Anne, Olivier et tous les autres, j’ai ouvert les portes de ma bibliothèque à des auteurs […]
[…] A tous ceux qui n’auraient pas encore lu « La Faux soyeuse », je le redis : foncez! D’autant que…plus d’excuses : il est sorti en format […]
[…] un recueil de nouvelles écrites par un certain nombre de chouchous de notre terrasse, à savoir Eric Maravélias, Jean-Luc Bizien, Ian Manook, Maud Mayeras, Niko Tackian et quelques autres à découvrir – […]