Véritable dicton « Octobre emmitouflé annonce décembre ensoleillé ».
Quelques idées de lectures à lire au chaud. Ou dans les derniers rayons de soleil de l’automne. Ou sous votre plaid, c’est bien aussi…
Un jour comme celui-ci – Peter Stamm
Andreas mène une vie d’un monotone assez déconcertant. Professeur d’allemand dans un collège, il semble subir sa vie. Plus rien ne lui plait. Il ne sait même plus si son meilleur ami en est un. Il vadrouille de maîtresse en maîtresse. Il vit seul et sa seule activité qui semble le réveiller est de penser à Fabienne, son grand amour de jeunesse… Qu’a-t-il perdu en la laissant, voilà quelques années auparavant?
Une toux insistante l’entraîne chez le médecin. Le verdict tombe et déclenche en lui un désir de reprendre sa vie en main. De façon urgente… Il décide de chambouler sa petite vie et quitte tout: travail, appart, maîtresses… Et part à la recherche de cet amour de jeunesse. Mais ne chercherait-il pas à savoir qui il est finalement? Pourquoi s’est-il perdu en route? Comment en est-il arrivé à ce constat amer? Peter Stamm nous offre ici un roman qui éveille en nous ces mêmes questions… Et si nous devions tout changer, par quoi commencerions nous? Par renoncer à nos peurs et sauter vers l’inconnu?
Miséricorde – Jussi Adler Olsen
Cela fait des années que cette série me fait du pied. J’ai donc profité de cet été pour me plonger dans ce roman. Effectivement, dès les premières pages, l’ambiance est installée. On comprend vite combien cela sera rude. Noir.
L’inspecteur Mörck est un rien mis sur la touche par ses supérieurs hiérarchiques: lors de la dernière affaire sur laquelle il est intervenu, un de ses collègues a été tué et le second est sans doute paralysé à vie. Il se retrouve seul dans un bureau du sous sol à éplucher de vieux dossiers irrésolus. Quand Assad, flic d’origine syrienne, franchit le pas de sa porte en lui expliquant qu’il est désormais son collègue, il ne s’attend pas à trouver en lui un soutien logistique très intéressant. Ils vont alors ressortir des cartons l’affaire Merete Lyyngaard, une femme qui symbolisait un nouvel avenir pour la politique danoise et qui a disparu sans ne laisser aucune trace. Ce dossier avait été classé, faute de preuves. Morck et son acolyte vont alors décider que non, toutes les pistes n’ont pas été explorées et décident de se résoudre cette affaire à leur façon… Une véritable plongée en apnée.
Un goût de cannelle et d’espoir – Sarah McCoy
Quand Reba, jeune journaliste un peu paumée, franchit le pas de porte de la boulangerie d’Elsie, au Texas, elle ignore quels plongeons elle va faire. L’un dans la vie bien remplie d’Elsie, l’autre dans la sienne. Et nous dans les deux.
Parce que si Elsie s’occupe de sa boulangerie allemande depuis des années, si elle a une renommée qui dépasse les limites de sa petite ville, sa vie de jeune fille, en Allemagne dans les années 40, ne fut pas des plus simples… Fille d’un boulanger apprécié, elle est fiancée officieusement à un officier nazi, Joseph. Mais un soir, alors qu’elle s’y attend le moins, un enfant juif vient de lui demander de l’aide: suite à un incident, il a échappé à la surveillance de ses geôliers qui devaient l’envoyer dans les camps de la mort dès le lendemain… Elsie décide alors de le cacher. Faisant ainsi voler en éclats la vie toute tracée qu’elle pensait suivre…
Et nous voici entraînés dans la vie actuelle d’Elsie et de Reba et dans le passé de la vieille dame. C’est bon. Très bon. Et mis à part cette insoutenable envie de manger des gâteaux aux épices tout au long de la lecture, on se dit que des choses bonnes peuvent émerger des plus vilaines choses. Et que l’espoir, ici, a irrémédiablement un goût de cannelle… A lire absolument.
L’aile des vierges – Laurence Peyrin
Quand Maggie, jeune femme élevée dans une idéologie un rien féministe, indépendante avec une certaine idée de la liberté, entre dans le manoir de Sheperd House pour y commencer un travail de femme de chambre, elle se retrouve confrontée à une « micro » société désuète, bien ancrée dans des traditions qu’elle ne supporte pas. Son niveau de culture et d’éducation aurait pu lui permettre d’aspirer à autre choses mais au lendemain de la seconde guerre mondiale, peut-on être difficile, alors que le travail manque tant?
Dans cette aile « des vierges », réservée aux chambres des domestiques, elle va continuer à rêver à d’autres choses, à une vie moins triste et moins vide. Elle se rebellera contre la hiérarchie des petites gens avec qui elle travaille, ceux qui ne comprennent pas son goût pour la contestation… Elle se rebellera contre sa patronne pour qui les apparences sont essentielles, peu importe la réalité du quotidien… Et elle se rebellera surtout contre elle même, en apprenant à faire des choix, d’autres choix, ceux qui la mèneront vers une vie de l’autre côté de l’Atlantique…
Un livre qui dépeint bien ce mode de vie britannique, entre promenades dans le parc ombragé, tea time et biscuits aussi secs que certaines âmes.
La dame de Reykjavik – Ragnar Jonasson
Hulda est à une poignée de jours de la retraîte. Une chose à laquelle elle n’avait pas pensé avant que son supérieur lui annonce que sa fin de service est prévue sous 2 semaines, lui demandant d’abandonner ses enquêtes en cours. Comme elle rechigne et tend à s’opposer à cette décision, elle a le droit de choisir une enquête non résolue et de travailler dessus pendant ces quelques jours restants. Parce qu’Hulda est une employée hors pair… Une vie complètement dédiée à son travail. Une passion pour les jours et les nuits d’enquêtes, de filatures, de veille. Une vie professionnelle remplie pour oublier une vie personnelle aux multiples blessures.
Quand elle décide de réouvrir le dossier non résolu de la disparition d’une jeune russe, Elena, qui avait demandé à l’Islande, l’asile… Une jeune femme sans histoires apparentes qui aspirait à vivre à Reykjavik. Hulda va alors se lancer à sa recherche en déclenchant une véritable course contre la montre, contre son clap de fin.
Une ultime enquête pour elle. Et si c’était celle de trop? Magnifique de noirceur et de froid scandinave.
Changer l’eau des fleurs – Valérie Perrin
L’histoire de Violette. Garde cimetière de sa petite ville. Elle le fait avec une poésie et un humour qui font forcément sourire… Entourée par les fossoyeurs, le jeune curé et des souvenirs plein son jardin, elle nous raconte son histoire, doucement, à pas feutrés… Avec une retenue magnifique. Celle qui nous fascine et ne nous laisse pas lâcher ce livre…
Car Violette a eu une vie plus que remplie. D’amour, d’amitié, de souffrance, de malheurs… Un cocktail qui a fait d’elle la femme hors du commun qu’elle est. Des tranches de vie aussi belles que douloureuses. Elle parle à ses fleurs, ses légumes et aux chats qui ont choisi son cimetière pour résidence. Elle fait parler ceux qui viennent visiter quelqu’un dans son cimetière, ceux qui ont du mal à parler à leurs proches mais qui se livrent facilement à cette femme au sourire bienveillant, qui leur offre café et oreille attentive. Mais elle? A qui parle-t-elle vraiment? Personne… Quand elle nous dévoile tout, lentement, le sourire devient tendre et triste…
Le jour où un homme frappe à sa porte avec une demande particulière, sa vie va enfin basculer vers un renouveau dont elle avait besoin mais pas conscience… Valérie Perrin nous livre ici le portrait d’une femme aussi attachante qu’exceptionnelle.
Art et décès – Sophie Hénaff
La joyeuse brigade du commissaire Capestan à nouveau à l’oeuvre. Sauf que cette même commissaire n’a pas repris le travail après un long congé grossesse puis maternité, et compte bien profiter de sa fille au maximum.
Mais sa brigade s’ennuie. Se laisse aller. Sans elle, rien de possible. Mis à part Rosière qui a enfin écrit un scénario pour le cinéma et qui travaille sur le tournage. Tournage qui doit s’interrompre quand on retrouve le réalisateur assassiné dans sa loge. Quelques heures après une énième dispute avec Rosière, qui a promis à qui voulait l’entendre qu’elle allait tuer cet incapable notoire, avec sa délicatesse si reconnaissable…
La suspecte principale est donc toute trouvée. mais c’est sans compter sur toute l’équipe, Capestan y compris, qui décide de découvrir qui est le véritable assassin afin de disculper sa flamboyante collègue. Et revoilà notre équipe de poulets grillés de retour. Prête à tout pour reprendre une activité autre que le billard et la lecture de journaux, et bien décidée à montrer à leur commissaire qu’ils sont toujours aussi efficaces. Ou presque. Et quand Capestan se rend compte que le film raconte l’histoire de cette brigade si particulière, elle ne sait plus où donner de la tête.
New York Odysée – Kristopher Jansma
Un roman déroutant que ce « New York odyssée » de Kristopher Jansma, écrivain américain né dans le New Jersey et qui vit à New York (on sent dès le début qu’il aime cette ville).
J’ai beaucoup aimé cette histoire de 5 jeunes gens dans la trentaine (Irène, Jacob, William, George et Sara) venus vivre dans « la grosse pomme » pour réaliser leurs rêves, faire la fête, vivre … Chacun d’eux a son caractère et poursuit des buts différents: Irène celui de devenir artiste, Jacob un poète, George un astronome reconnu… Mais Irène est malade et son cancer va bouleverser la vie de tous, remettant en cause tout ce en quoi ils croyaient. Leurs efforts pour aider Irène dans cette épreuve sont touchants, et il est difficile (impossible pour moi …) de ne pas s’identifier à ces hommes et femmes, et à être touché. La description du traitement que suit Irène, les effets secondaires, rien n’est tu.
Etant allé récemment à New York, j’ai eu l’impression de revivre certains moments vécus là-bas: la traversée du pont de Brooklyn, la visite du Metropolitan Museum of Arts (le MET), les balades dans le West Village. Et qu’il est difficile de quitter ces 5 personnages une fois le livre refermé … !! (C’est souvent à cela que je sais qu’un livre m’a touché). L’auteur fait aussi un parallèle intéressant avec l’Odyssée d’Homère, car sans que ce soit des exploits, chacun va affronter des démons (intérieurs), ses doutes, des questions sur le sens de la vie. Et si le livre, qui comporte deux parties bien distinctes, peut troubler et dérouter certains(e)s lecteurs et lectrices, il a quelque chose d’original qui le rend unique. Alors, je vous le recommande !! Par Marc.