Jeudi – 8H20
Un matin sur deux, avant d’aller bosser, je vais me chercher mes deux chocolatines enfin… Mes deux petits pains au chocolat (hé oui, j’habite dans le sud)
Et comme chaque matin, ma boulangère avec sa gueule d’enterrement me dit :
« Un euro quatre-vingt-dix ! »
Quelle conne celle-là ! Jamais elle peut être un peu aimable ? Avenante ?
Bref, ça met déjà en jambes pour la journée.
9H10.
Mon boss- un quinqua qui masque sa honteuse calvitie par le mouvement latéral d’un reste de cheveux côté gauche- demande à me voir. Ca sent pas bon à cette heure-là. A peine entré dans son bureau, il me dit avec un léger sourire aux lèvres :
« Yannick, je sais que ça représente beaucoup de travail mais sur le rapport d’activité, on est à la ramasse. Huit jours de retard, c’est beaucoup. Je compte sur vous. Demain matin au plus tard. »
13H00.
Je crève la dalle. La pression du dirlo m’a rincé. Toute la matinée sur son rapport de merde. J’ai comme une soudaine envie de lui claquer un arrêt maladie de huit jours. Pour me détendre.
Je file à la cafét’. Y’a de la sole meunière en plat du jour. Pour une fois, je saute sur l’occasion. La caissière, un demi-sourire aux lèvres presque déçue, avoue :
« Y’a plus de poisson. Il reste de la basse-côte si vous voulez ».
Je prends une omelette fromage.
15H35.
La journée n’est pas finie mais j’ai déjà une tête comme un pot de fleurs. J’ai croisé la tronche de la RH dans les couloirs, devant la machine à café. Elle m’a filé un grand sourire comme si on avait mangé ensemble hier soir et qu’elle avait claqué la porte de mon appart ce matin avant de partir. Je rêve. C’est quand même cette greluche qui m’a taxé d’immobilisme il y a huit jours au cours de mon entretien professionnel annuel…
18H25.
Je sors de l’enfer du taf. J’ai une tronche de zombie. L’ascenseur est à l’arrêt. Comme d’hab’. Je prends l’escalier de service. Je déboule dans le hall d’entrée. L’agent d’accueil me signale avec un sourire confus que c’est fermé. Il me faudra passer par derrière et faire le tour du bâtiment pour récupérer ma bagnole. Trop fun…
19H10.
J’arrive chez la nounou. Elle m’accueille avec ma fille dans les bras hurlant à tue-tête. Comme si elle venait de la faire tomber par terre. D’ailleurs, ça ne m’étonnerait pas… Elle me déclare avec son sourire des mauvais jours :
« Elle fait 39° depuis deux heures. Elle n’a rien voulu manger. »
23H15.
Je souffle. Je prends un bon verre de vin rouge. Je me dis que le prochain qui me balance un sourire, je le démonte. Je sais bien que dans la vie, un sourire ne coûte rien. Je sais aussi que la vie est plus belle lorsqu’on reçoit ce large rictus, synonyme d’empathie, de connivence, de compréhension, de chaleur, d’invitation et j’en passe.
Pourtant je vous promets qu’à cette heure de la soirée, j’ai pensé à ma boulangère qui semble sourire quand elle se brûle. Et je me suis dit que pour elle, un sourire valait vraiment quelque chose.
Après-demain, en allant chercher mes pains au chocolat ou chocolatines (ben ouais, je vous ai dit, j’habite dans le sud), je lui ferai la bise.
En guise de remerciement…
[…] de deux, je ne vais pas montrer à tout le monde que la Reine des Quetsches que je suis (merci Yannick pour ce surnom!), qui considère ce blog comme son bébé, qui le bichonne et qui est fière de le […]
[…] il a commencé à écrire timidement pour nous… Avec Un sourire… Je le harcèle pour qu’il écrive encore, ici, mais il a toujours de bonnes excuses, […]