Mi-novembre, salon du livre en Beaujolais.
Eric Maravélias y est invité d’honneur.
Je décide donc de l’y rejoindre avec une amie…
Petit tour des auteurs présents, quand je tombe sur une couverture qui m’intrigue… Pas de figuré, un graphisme qui me plaît… J’hésite entre le grand format – vraiment chouette, et le poche… Mon porte-monnaie l’emportera pour une fois.
De retour chez moi, un plaid, un Roiboos, des bougies et… je plonge.
La vie est trop courte pour s’accommoder de tout ce qui va de travers. Il ne faut pas hésiter à rêver…
Je plonge dans un monde que je n’avais plus côtoyé depuis longtemps… Un monde empli de fantaisie, de surréalisme et de poésie…
Quelques pages et… les clins d’oeil aux coups de coeur de mon adolescence surgissent… Gary, Vian, l’Attrape-coeur…
Je me sens bien…
J’ai pris mon courage à deux mains et lui ai demandé s’il pleurait. Il a eu l’air étonné avant de m’expliquer que non, d’ailleurs il n’avait aucune raison de pleurer. C’était juste que son visage n’était pas étanche. Il n’y pouvait rien et ça n’était pas bien grave. C’est le genre de choses qui arrive de temps en temps, avec toute cette eau qu’on a dans le corps.
Je me sens bien avec cet homme, comptable, à la vie bien rangée, dont les quelques distractions consistent à rejoindre Thomas, Sam et Lisa dans le café de celle-ci pour écouter de la musique, fumer, jouer aux cartes, les écouter parler, boire du café additionné de whisky…
Jusqu’au jour où quelques gouttes de ce breuvage tombent sur cette fameuse écharpe qui ne le quitte pas, où la mécanique bien huilée se grippe, où la cage aux souvenirs va s’ouvrir, libérant son enfance avec Papi Jean-Pierre…
Jusqu’au jour où ses amis vont lui dire qu’ils sont aussi là pour l’écouter… qu’il n’est cependant pas obligé de parler… mais que peut-être cela lui ferait du bien…
Alors… petit à petit… tout doucement… L’enfance va se dérouler sous mes yeux émerveillés par ce monde extraordinaire dans lequel nous embarque Gilles Marchand…
À travers eux, mon histoire devient une histoire. C’est peut-être ce dont j’avais besoin pour avancer. Je ne suis plus qu’une bouche, une espèce de lien avec un autre temps qui se dépossède de ce qu’il a sur le cœur. Mon histoire leur appartient et se mêle à leurs propres souvenirs.
Et cette écharpe? Que cache-t-elle? Une cicatrice physique bien sûr… mais surtout une blessure de l’âme.
De celle que l’on porte, que l’on n’ose affronter, que l’on met un temps infini à regarder en face, qui nous bloque, nous empêche de vivre vraiment…
Mais, qui, si on les accepte, si l’on prend le temps, peut nous enrichir, nous faire grandir, nous permettre de nous apercevoir que derrière la plus insupportable des douleurs, des difficultés, un ailleurs différent, mais pas moins joli – surtout pas moins – nous attend…
Au fur et à mesure que les souvenirs me reviennent,je commence à comprendre ce qu’il voulait dire lorsqu’il m’a fait promettre de ne rien oublier sans y accorder trop d’importance.
Les références musicales sont également extrêmement présente dans ce roman…. pour notre plus grand plaisir…
Alors… alors… faites-vous plaisir et offrez-vous un voyage dans le monde merveilleux de Gilles Marchand, dans cette histoire forte, allez vous balader dans l’histoire de cet homme, mais aussi dans l’Histoire tout simplement…
Et qui sait? Peut-être en ressortirez-vous en vous disant, comme moi, que la fantaisie est décidément à cultiver précieusement…
Quant à moi, le deuxième bouquin de Gilles, Un Funambule sur le sable, m’attend… Gageons que je vous en reparlerai…
[…] avoir lu Une bouche sans personne, je lui ai demandé s’il acceptait de répondre au questionnaire de Lila… Chose faite […]