« Betty » est un conte. Un roman initiatique. Une histoire simple narrée de façon magistrale.
Betty, petite fille aux origines mélangées dont les cheveux noirs et la peau brune attestent du sang Cherokee qui coule en elle, est la narratrice de ce roman. Dans ces contrées lointaines, nichées au coeur de l’Ohio, elle nous emmène dans son quotidien. Un quotidien difficile pour une enfant qui est moquée en permanence pour la couleur de sa peau et de ses cheveux… Un quotidien qu’elle cherche à fuir en utilisant ce que ses ancêtres lui ont laissé de plus cher: un incommensurable amour de la nature. Et l’amour au moins aussi puissant pour les siens.
Elle grandit auprès d’un père magicien des mots qui utilise les légendes et les croyances indiennes pour la rassurer, l’apaiser quand ce quotidien devient un trop lourd fardeau à porter. Et puis il y a sa mère, à la fragilité du cristal qui semble pouvoir se briser à chaque instant, qui aime ses enfants à sa manière, distante mais étrangement omniprésente, dévastée par des blessures intérieures qui ne se sont jamais refermées et qu’elle dévoilera à Betty comme une mise en garde sur la vie qui l’a meurtrie…
Betty n’a pas d’amis, mais avec ses deux sœurs et ses trois frères, tous plus différents les uns que les autres, elle découvre les forêts, la campagne, les moments de liberté, les disputes, les fous rires complices, les parfums de la nature, les bruits de la ville et de ses habitants, les petits bonheurs de l’enfance. Même si celle ci sait se montrer cruelle et leur offre parfois son lot d’obstacles, de souffrances. Une fratrie attachante qui a ses parts d’ombre et de lumière, qui apprend à grandir avec ces poids du passé qui semblent ne leur donner aucun répit. Car il y a cette quête. Celle dont personne ne parle mais que tout le monde semble chercher en silence. La quête de la sérénité. Qui leur manque à tous. Vivre sans penser aux démons des uns et des autres, oublier la violence et la bêtise de ceux qui les dénigrent, et profiter des moments de bonheur furtifs que la vie leur offre. Oublier les conflits latents qui explosent parfois. Faire fi des secrets qui éclatent et font vaciller cet équilibre précaire.
Des drames et des moments de joie qui s’entrelacent, et qui malgré tout renforcent leurs liens, comme cette toile d’araignée capable d’arrêter le sang coulant d’une plaie.
Et au milieu de tout ça: Betty. Sublime, divine Betty. Une enfant qui traverse sa vie comme on traverse son histoire. Avec passion, tristesse, résilience et émerveillement. Mais avec une telle colère qui gronde en elle que tourner les pages est parfois difficile. Qu’on appréhende les chapitres suivants. A tort. Parce qu’au fil des pages, nous avons la certitude que cette « Petite Indienne » est une Grande. Qui va écrire ses secrets, ses peurs et ses colères et les enfouir sous terre, dans des bouteilles en verre. Des secrets qui seront dévoilés quand elle sera prête.
Tiffany McDaniel signe ici son second roman, un magnifique hommage à sa mère. A ces femmes qui ont du se battre pour trouver leur place dans une société qui ne voulait pas d’elles. Son écriture est puissante, mêlant une rare poésie et une narration bluffante. Un voyage au cœur de l’Amérique profonde, avec le plus beau et le plus laid de cette société américaine. A lire absolument.
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