En quelques titres, des idées de livres pour Noël. Pour éviter les cadeaux qui ne servent à rien. Qui sont laids et sans intérêt. Et parce qu’offrir un livre, c’est quand même une idée de partage, d’échanges à venir sur cette lecture, et que de tous les cadeaux envisageables, c’est celui ci le plus intéressants. En toute objectivité.
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Noir, c’est noir…
Profanation – Jussi Adler Olsen
J’ai lu « Miséricorde« , dévoré « Profanation ». Je vais plonger dans la suite des enquêtes du département V, je pense. C’est très bon. Très bien écrit et prenant. Dans ce second opus, Carl Morck et son acolyte Assad se lancent dans une enquête qui leur a été soumise par une mystérieux personne laissant des dossiers sur leurs bureaux…
Des meurtres réguliers, sans aucun véritable suspect. Les premiers sont liés par ce point commun: tous fréquentaient la même école. Puis, au fil des ans, des disparitions étranges, des agressions d’une violence extrême. Un jeune homme avait avoué des crimes, à l’époque. Et il est en passe de sortir de prison, richissime. Étrangement. Et si ses amis de l’époque, désormais membres de la haute société de Copenhague, l’avaient grassement payé en échange de ses aveux? Et donc de leur relaxe? Parce que c’est ce regard amer et sans complaisance que pose Jussi Adler Olsen sur la société de son pays: corruption, racisme, dossiers sulfureux enterrés par un simple appel téléphonique… Des portraits d’hommes immondes sans scrupule, sans une once d’humanité en eux. De vraies ordures. Comme on espère ne jamais en croiser. Un portrait peu avenant de ce monde dans lequel l’argent peut tout acheter. Ou presque. A découvrir absolument.
Angor – Franck Thilliez
Mea Culpa. Avant celui ci, je n’avais jamais lu Thilliez. Allez y. Accablez moi, je le mérite. Si jamais tu me lis Mathieu (private note), j’ai enfin sauté le pas. J’ai accepté l’idée de devenir accro. Sauf qu’évidemment, j’ai commencé les aventures de Sharko par la fin… Mais en même temps… Je n’avais pas prévu de le lire. Mais pendant mon escapade automnale corse, je suis tombée sur une bibliothèque dans un hôtel, et les livres étaient à dispo des clients. Une édition magnifique de chez Pocket, idéale à offrir, (un livre double, noir avec un cygne blanc sur la couverture) contenant « Angor »et « Pandemia ». Je l’ai pris. Et lu. Et je suis effectivement sous le charme.
C’est terriblement bien écrit. Riche et argumenté. On imagine les heures de recherches sur le sujet des greffes. Et des trafics d’organes. Car c’est de cela qu’il s’agit. De jeunes filles disparues. De photos découvertes dans une maison de l’horreur sur lesquelles des femmes mutilées fixent l’objectif de leurs orbites vides. Sharko se lance alors dans une enquête, un rien retenu par sa vie de famille désormais bien prenante. Lucie, quant à elle trépigne de ne pouvoir l’épauler officiellement et se lance dans une enquête officieuse. En parallèle, à Lille, une jeune gendarme greffée du cœur part à la recherche de son donneur. Pour savoir. Leurs chemins à tous vont alors se croiser autour d’une affaire sordide qui les mènera de l’Espagne en Argentine sur les traces de ceux qui font commerce de morceaux de corps humains. Tuant, massacrant ceux qui se dressent sur leur chemin.
C’est noir, glauque et glaçant. Excellent, donc. Franck Thilliez est devenu en un roman l’un de mes incontournables.
La vie dont nous rêvions – Michelle Sacks
Vivre éloignés de cette société qui court sans regarder autour d’elle. Vivre en se recentrant sur l’essentiel.
Vivre en consommant les fruits et légumes de ses vergers et légumes.
Vivre avec l’homme parfait que vous avez épousé et qui vous a donné un enfant magnifique dont vous êtes dingues…
Une vie parfaite pour une femme épanouie et une mère plus que parfaite. Et puis…
Il y a la vraie vie… Vivre dans une prison dorée perdue dans une magnifique nature. Vivre en regrettant la vie d’avant.
Vivre en faisant semblant d’aimer cultiver et s’extasier devant nos légumes qui demandent une attention quotidienne, ou en se forçant à cuisiner et se faire violence. Vivre avec un homme finalement dominateur qui a exclu tous vos amis de votre vie et qui vous dégoûte au plus haut point. Et vivre en n’aimant pas son enfant.
Bienvenus dans le roman de Michelle Sacks.
Une carte postale les premières pages.
La vie dont nous rêvons…. Ou dont nous pensions rêver.
Celle de Sam et de Merry qui ont tout quitté pour s’isoler dans une Suède prometteuse d’un avenir radieux.
Sauf que l’envers du décor est effrayant. Et que la violence de ces relations toxiques monte en puissance au fil des chapitres que les protagonistes narrent à tour de rôle… Parce que leur vie parfaite a un seul et unique socle: le mensonge. Perpétuel.
Jusqu’à l’arrivée de Frank, la meilleure amie de Merry. Celle qui est libre, qui fait tomber les hommes, qui réussit professionnellement, qui vit dans un luxueux appartement et qui passe son temps entre deux avions. Celle qui connaît si bien Merry, qui devine les secrets de cette amie pourtant éloignée, fait que ce socle superficiel va vaciller… Dans une forêt suédoise aux mille éclats colorés, les profondeurs des âmes vont révéler leurs noirceurs les plus terribles.
C’est noir. Très noir. Et affreusement bon.
À lire absolument.
Le journal de ma disparition – Camilla Grebe
Quand Jake découvre un journal dans la neige, il ne s’attend pas à ce que sa vie bascule… Il appartient à Hanne, cette dame qu’il a vue en pleine nuit, glacée, pieds nus et totalement perdue. Une célèbre profileuse qui enquête avec son conjoint Peter sur la découverte d’un cadavre d’une petite fille, toujours non identifiée, des années plus tôt… Sauf que Peter a lui aussi disparu dans cette forêt aux multiples secrets.
Malin, jeune flic née dans ce village isolé de tout est venue les épauler dans cette enquête qui va prendre une autre tournure avec la découverte d’un second cadavre exactement au même endroit. C’est elle qui avait découvert les restes de la petite fille, des années pls tôt, alors qu’elle était adolescente. Son passé semble ne pas vouloir la laisser tranquille.
Les deux affaires sont-elles liées? Pourquoi à cet endroit précis, à proximité d’un village qui se vide, faute de travail et d’avenir.
Et si les réponses à toutes ces questions étaient dans ce journal que Jake lit au fil des chapitres, pour comprendre, savoir.
Entre histoires de familles, petits secrets et grands mensonges, racisme ordinaire et questions incessantes, Camilla Grebe nous entraîne dans un polar riche et addictif qui mêle des histoires de vie ordinaires à une enquête qui est loin de l’être…
Bonne humeur!
Les petites reines – Clémentine Beauvais
La cruauté de l’adolescence. Élire des « boudins d’or, d’argent et de bronze » trois gamines écorchées vives était un risque que sous estimaient les créateurs de ce concours au sein d’un collège.
Vexée d’avoir perdu sa place de « boudin d’or », Mireille va alors déchaîner son humour détonnant et son intelligence pragmatique à faire de ces nominations une victoire pour elles 3. Quel défi se lancer pour faire parler d’elles autrement et utiliser cette notoriété toute nouvelle pour s’en servir de tremplin?
Tout simplement, Mireille, Hakima et Astrid décident de monter à Paris le 14 juillet et gâcher la Garden Party de l’Elysée. Evidemment, le trajet se fera à vélo, en vendant des boudins à différentes sauces pour pimenter le tout, et bien sûr en ayant comme chaperon le frère handicapé d’Hakima et sa chaise roulante. Si chacune a ses raisons de vouloir gâcher cette fête et rencontrer la présidente de la République, toutes les 3 ont un objectif commun: assumer qui elles sont… Leur périple deviendra un véritable parcours initiatique pour elles et pour les autres. Ceux qui se moquaient et désormais les applaudissent.
Clémentine Beauvais nous offre ici roman savoureux, drôle et touchant. Aussi tendre que cruel. Entre éclats de rire et sourires émus.
La guerre des mères – Kaui Hart Hemmings
Ou ouvrant ce livre, je me suis dit « Encore un feel good book sur les mères parfaites made in USA et leurs travers ». Sauf que non. C’est un livre surprenant par son écriture et son récit. C’est drôle mais aussi très touchant car Kaui Hart Hemmings analyse le comportement, les histoires personnelles de ces mères non parfaites, tout en déquillant gentiment les autres, celles qui croulent sous les Cup Cakes et les bonnes intentions…
Mele tient un blog culinaire. Maman solo d’une adorable petite Ellie, elle décide de s’inscrire à un concours de recettes de cuisine organisé par le Club des Mamans de San Francisco, espérant ainsi être acceptée dans ces cercles de mères parfaites et espérant surtout oublier que le père de sa fille lui a demandé d’être témoin à son mariage qu’il lui avait annoncé le jour où elle lui annonçait sa grossesse… Mais Mele n’avait pas prévu que ses amies du parc de jeux pour enfants l’encourageraient dans sa démarche et lui confieraient des histoires voire secrets personnels qui la toucheraient au point qu’elle déciderait de créer une recette spécifique à chacun d’eux… Un roman sur l’amité, sur les belles et moins belles histoires de vie, celles qui font que nous sommes tels que nous sommes… Une véritable belle surprise…
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D’ici et d’ailleurs…
La chorale des dames de Chilbury – Jennifer Ryan
Quand un village est laissé aux bons soins des femmes qui vont prendre les rênes de la vie de ces familles qui ont quasiment toutes perdu un être cher dans cette drôle de guerre et leur insuffler ainsi un véritable espoir en des jours meilleurs.
Des femmes qui vont écrire de longues lettres relatant leurs existences chamboulées. Un roman épistolaire qui met en exergue leurs sentiments, leurs émotions, les changements de leur perception des choses. Des correspondances qui dévoilent des secrets inavoués et inavouables, des histoires d’amour et de haine, des histoires de colère et de pardon au sein d’une communauté effrayée par une guerre omniprésente et des bombardements de plus en plus réguliers.
On se prend d’une affection grandissante pour ces femmes toutes plus différentes les unes que les autres. Des portraits émouvants que l’on se plait à voir grandir au fil des pages.
Jennifer Ryan adopte un ton juste et touchant qui nous accroche dès la première lettre et nous entraîne vers un passé pas si lointain, avec des femmes héroïnes d’un quotidien singulier. A lire absolument: énorme coup de cœur!
Le soleil des rebelles – Luca Di Fulvio
Je suis une fan absolue de Luca. Je lui trouve un talent de conteur incroyable. Il crée des univers qui nous happent et ne nous lâchent pas avant le point final. J’ai succombé au « Gang des Rêves » et tombée amoureuse avec « Les enfants de Venise ». Avec ce troisième livre, Luca et moi c’est pour la vie. Et je ne dis pas cela parce que cet homme a un sourire qui vous met forcement de bonne humeur et qu’il est d’une rare jovialité sur des salons parfois trop sérieux.
Quand un enfant voit sa vie bouleversée un froid matin d’hiver, à l’instant même où sa famille se fait massacrer sous ses yeux. Nous sommes en 1407. Cet enfant, Marcus III, est l’héritier du royaume de Saxe. Grâce à une petite fille intrépide, il parvient à échapper à une mort certaine et trouve refuge chez Agnete, la sage femme du village. Il va alors découvrir la vie misérable des paysans appartenant à son défunt père et désormais sous le joug du cruel et immonde Ojdernig qui s’est approprié château et titres de noblesse. Recherché par les soldats du nouveau prince, épouvanté par ses nouvelles conditions de vie, fragile et perdu, il va affronter des obstacles dont il ignorait jusqu’à la possibilité d’existence.
Peut-on survivre quand on a faim et froid? Peut-on survivre quand la peur est notre compagne nocturne? Peut on survivre quand tout espoir semble perdu? Marcus, rebaptisé Mikael, en doute. Mais c’est sans compter sur le sourire de sa petite sauveuse, celle qui va le soutenir durant toutes ses années et grâce à qui il apprendra à vivre et à devenir un homme bienveillant. Luca Di Fulvio nous passionne une nouvelle fois pour une page de notre histoire. Celle d’une Europe belliqueuse et soumise aux caprices de ses rois. Et il nous montre surtout que peu importe notre fortune. La plus inestimable étant les belles personnes qui nous entourent et qui nous permettent de devenir quelqu’un de bien.
Le bal des folles – Victoria Mas
C’est l’histoire d’Eugénie, de Louise, de Thérèse et de centaines de femmes enfermées à la Pitié Salpêtrière parce qu’elles sont différentes, libres, faibles. Ou qu’elles ont fait des choix qui dérangeaient les hommes. Ou parce qu’elles souffrent de pathologies aujourd’hui banales.
Ce sont des femmes que les hommes ont enfermées parce qu’elles leur tenaient tête. Ou parce qu’elles leur faisaient peur. ou parce qu’ils voulaient tout simplement s’en débarrasser.
Ce sont des femmes que l’on exposait à la belle société parisienne une fois par an à l’occasion du « Bal des Folles ». Costumées, elles se donnaient en spectacle sans réaliser combien elles étaient moquées, humiliées. Elles qui préparaient cet événement dans une joie et une allégresse dans une innocence déconcertante.
C’est l’histoire d’une colère et d’une révolte. Qui grondent et qui s’amplifient. Un peu comme les nôtres au fil des pages.
Un premier roman qui laisse présager une belle carrière à venir pour Victoria Mas.
Loin – Alexis Michalik
Antoine décide de partir à la recherche de son père qui a abandonné sa famille voilà 20 ans. Il embarque son meilleur pote, Laurent, dans cette aventure. Et sa sœur Anna, aussi déjantée qu’intelligente. Si tout paraît simple au départ, leurs recherches vont les mener à travers l’Europe, dans des pays qu’ils ne pensaient jamais visiter, avec des rebondissements à chaque étape. Parfois un peu rocambolesques mais Alexis Michalik écrit si bien qu’on se laisse séduire par cette quête parfois étourdissante. Aucun répit dans ce road-movie de notre époque.
C’est juste bon. Très bon. Et j’ai pris un plaisir terrible à suivre leurs péripéties. J’ai appris des fragments d’Histoire que j’ignorais. J’ai souri. Et j’ai parfois été émue et touchée. Car non seulement les personnages sont attachants mais ils nous donnent envie de reprendre nos chaussures de marche et notre sac à dos de routard que l’on a posé voilà quelques temps… Et on croise les doigts pour que nos gamins apprennent cette curiosité et partent aussi sur les routes, chercher ce qu’ils veulent. Ou eux-mêmes tout simplement…